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Philippe Destatte, Directeur de l'Institut Jules Destrée
« On se retrouverait devant trois solutions pour la Wallonie. Premièrement, rester dans la Belgique avec Bruxelles et faire une mini-Belgique à deux : mais cela n'a pas de sens parce que la Belgique n'existe que par les Flamands, la Belgique francophone n'étant évidemment qu'un fantasme qui a été abattu depuis bien longtemps.
Deuxièmement, faire le choix d'une Wallonie indépendante. Ce choix ne peut être possible qu'en fonction de l'Europe : dans une Europe suffisamment développée, l'idée d'une Wallonie indépendante est crédible parce qu'il y aura une monnaie européenne, une sécurité sociale européenne, une défense européenne, etc. Mais si l'Europe n'est pas suffisamment développée, on se voit mal imaginer une monnaie wallonne, une sécurité sociale wallonne, une défense nationale wallonne. Et, dans ce cas-là, on en vient à la troisième possibilité, la France apparaissant alors quasi comme la seule solution pour la Wallonie; parce que si l'on imagine peut-être mal aujourd'hui de négocier un statut d'autonomie avec la France, le négocier avec l'Allemagne ou avec l'Angleterre paraît évidemment encore plus absurde. En fait, on s'aperçoit, par des positions comme celle de Claude Eerdekens ou, plutôt, de Willy Burgeon, que l'idée qui avait été développée par un Maurice Bologne, un Félix Rousseau ou un Jacques Hoyaux (Les Wallons sont tout simplement les Français de Belgique), est une idée qui peut prendre aujourd'hui une dimension politique. »
(La Meuse, 13 et 14 juillet 1996)
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