Appauvrissement dramatique des seniors belges - 15 décembre 2008
Si les médias francophones belges se sont pris de passion pour les faits divers français, les Flamands, eux, ne manquent jamais une occasion de comparer la Belgique à leurs voisins des Pays-Bas. C’est ainsi que le Standaard de ce jour a insisté sur une triste réalité : le fossé ne cesse de se creuser entre les deux pays en matière de pauvreté des seniors.
Le taux des personnes âgées (plus de 65 ans) vivant sous le seuil de pauvreté par rapport à la population est tombé à 6% aux Pays-Bas alors que dans le même temps il passait à 23% chez nous.
Tristement logique dans la mesure où, depuis 1992, le gouvernement a supprimé la liaison annuelle et automatique à l’évolution générale du bien-être pour tous les pensionnés des régimes salarié et indépendant. Cette décision inique a creusé l’écart, année après année, entre ces derniers et les actifs.
D’autre part, la multiplication des préretraites ont eu un effet pervers : de nombreux séniors n’ont pas de carrière complète qui leur permette d’obtenir une pension décente.
Déjà en 2003, l'amer constat de l'Union chrétienne des Pensionnés (UCP)
Le Centrum voor Sociaal Beleid (CBS, Centre de politique sociale) de l'Université d'Anvers avait dés l’an 2000 établi une comparaison entre la Belgique et les Pays-Bas sur le plan socio-économique.
Les Pays-Bas étaient alors plus performants en ce qui concerne les prestations de travail, mais la Belgique se démarquait en matière de bien-être et de lutte contre la pauvreté. A peine dix ans plus tard, les Pays-bas ont rattrapé la Belgique dans tous les domaines. Les richesses sont mieux distribuées aux Pays-Bas. Seulement 10% des Néerlandais, toutes catégories d'âge confondues, vivent sous le seuil de pauvreté, alors qu'en Belgique, ce taux atteint les 15%, juste en dessous de la moyenne européenne. En Belgique, dans une famille sur huit, aucun des membres n’exerce un emploi, contre 6,5% aux Pays-Bas.
D’autre part, le Fonds de vieillissement n’est plus alimenté depuis trois ans par le gouvernement belge. Il est dès lors normal que 85% des Belges estiment que la pension légale ne sera pas suffisante pour maintenir le niveau de vie qu'ils entrevoyaient. Et que 40% d’entre eux ne font plus confiance aux autorités en ce qui concerne le paiement futur de leurs pensions !
En France, il a beaucoup été question de l’allongement de l’âge de la retraite à 70 ans. Michel Jadot, Président du Comité de direction du SPF Emploi, Travail et Concertation sociale, le présentait encore récemment comme un oukase imposable à tous les travailleurs.
Tromperie ! La nouvelle loi ne modifie en rien l’âge légal de départ à la retraite, qui est en principe décidé par le salarié entre 60 et 65 ans. L’âge réel est en moyenne de 58 ans et demi. A compter de leur 60e anniversaire, les salariés peuvent en effet cesser leur activité et toucher leur pension.
La nouvelle mesure incite bien à travailler jusqu’à 70 ans sur une base volontaire mais elle n’a aucune incidence sur les conditions de départ entre 60 et 65 ans.
Pour spectaculaire que soit le nouveau régime, les exemples de salariés souhaitant travailler au-delà de 65 ans restent ultra minoritaires. La très grande majorité des actifs partent dès qu’ils peuvent bénéficier d’une retraite à taux plein.
D'autre part, dans le secteur privé français, il est déjà possible de poursuivre une activité salariée après 65 ans, mais il est souvent plus intéressant de le faire en cumulant retraite et activité lucrative D’autant que le gouvernement vient d’assouplir les règles du cumuls Emploi-Retraite.
L’on sait qu’en Belgique, le fisc tombe à bras raccourcis sur les retraités qui osent cumuler une pension et une activité parallèle rémunérée . Ce qui pousse ceux-ci à rester à la maison. Avec tout le gâchis que provoque cette masse d’expériences professionnelles inutilisées.
Source : Centrum voor Sociaal Beleid
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