Stefaan De Clercq, l’ancien président du CD&V, a évoqué cette semaine la possible reformation du cartel avec la N-VA.
Aucun dirigeant du parti catholique flamand ne l’a désavoué. Ce qui prouve qu’il a l’aval de son parti pour faire ce genre de déclaration tonitruante. Et pour cause : l’actuel président du CD&V, Wouter Beke, en était l’idéologue !
Dans deux mois, il y aura dix ans que le cartel a vu le jour. C’est l’occasion de revenir sur une revue de presse flamande que nous avions publiée en février 2004 à l’occasion de la création du fameux cartel.
« Dans son communiqué du 14.2.2004, la N-VA se réjouit de la création du Vlaams kartel, avec le CD&V. Un « anti-Di Rupo Blok » (note : déjà lui !), selon la formule de Paul Geudens (Gazet van Antwerpen, 16.2.2004). Notons que l’exécutif du CD&V a approuvé l’accord à 91 % (à bulletin secret) ! Cela signifie en clair que les deux partis s’engagent à ne pas entrer dans un gouvernement sans la garantie formelle que les cinq résolutions du Parlement flamand de mars 1999 seront mises en œuvre. Dans les archives du site du Parlement de la Communauté française, on trouve une repartie de Luc Van den Brande qui résume bien la mentalité de l’élite flamande : « Qu’il s’agisse de mobilité, d’emploi, d’organisation judiciaire, d’aide à la santé, d’allocations familiales, de développement économique ou de qualité de la vie, il se trouvera toujours un homme politique qui estimera nécessaire d’étendre les compétences flamandes.» (Doc. Vlaams Parlement 1573 – année 2002-2003).
Que le CD&V ait conclu cet accord solennel constitue aux yeux des héritiers de la Volksunie un incroyable pas en avant vers l’indépendance de la Flandre. On ne résiste pas au devoir de resservir la litanie des revendications de la N-VA. Elle montre que les réunionistes avaient raison en prédisant que le communautaire reviendrait immanquablement au galop, quelles que soient les circonstances :
« Des compétences sans partage de la Flandre en matière de soins de santé et d’allocations familiale, de politique de l’emploi, de mobilité (SNCB inclue), de télécommunication, de politique scientifique… Une politique flamande de l’impôt sur les personnes physiques. Une autonomie accrue en matière d’impôts sur les sociétés. La régionalisation partielle de la justice et de la police. A propos de Bruxelles : la représentation garantie des Flamands à tous les niveaux de pouvoir bruxellois (note : grâce à l’appui du FDF, c’est désormais chose faite), le transfert des institutions biculturelles, la diminution du nombre de communes bruxelloises, le bilinguisme obligatoire des fonctionnaires bruxellois ».
Le même jour, le CD&V s’est fait plus sibyllin : « Ensemble, nous voulons une Flandre avec plus de compétences afin de trouver une meilleure solution aux problèmes des Flamands. En quelque sorte, une variation du « Ce que nous faisons nous-mêmes, nous le faisons mieux ! »
Conclusion d’une journée peut-être historique : le mot « séparatisme » n’effraie plus les caciques du CD&V. Il s’agit d’une victoire personnelle de Luc Van den Brande qui a forcé l’accord avec Geert Bourgeois la veille… de son débat au Sénat parisien avec son « ami » Robert Collignon.
Signe des temps : l’ACV, le puissant syndicat chrétien du nord, un des derniers garants flamands de la sécurité sociale fédérale, suit l’évolution du CD&V avec attention, sans faire trop de vagues. De son côté, des rumeurs annoncent l’arrivée au SP-a de Mia De Viets. La raison ? La présidente de la FGTB-ABVV en aurait marre de s’éreinter à concilier des points de vue flamands et wallons totalement divergents en matière de politique sociale. »
C’était il y a dix ans et l’Histoire suit toujours son cours…
Dix ans, ce n’est rien à l’aune de l’Histoire.