M. Elio Di Rupo qui a donné un cours « magistral » à l’UCL a rappelé que les transferts de la Flandre vers la Wallonie s’élevaient à près de 6 milliards d’euros (comme s’il n’y en avait pas eu de la Wallonie vers la Flandre !), qu’il fallait bien écouter les doléances des Flamands puisqu’ils étaient majoritaires dans notre beau royaume et que suite à la nouvelle Réforme de l’Etat, un enfant ou une personne handicapée ne serait pas traitée de la même manière selon qu’elle est flamande, bruxelloise ou wallonne. Ce n’est pas la presse francophone qui l’écrit, mais bien le Laatste Nieuws de ce jour. Comme quoi, une conférence du maestro Di Rupo n’a pas la même résonance dans la presse du Nord que dans des médias consensuels.
Lors de son laïus à l’UCL, Di Rupo a relancé l’idée (qui est loin de faire l’unanimité au PS) de la circonscription électorale fédérale, c’est-à-dire « nationale » et unique. Ce sont surtout les partis francophones qui font mine d’y voir une panacée, CDH et Ecolo en tête, alors que ces mêmes partis n’avaient opposé qu’une résistance de façade à la scission de l’arrondissement bilingue de Bruxelles-Hal-Vilvorde. Les partis flamands, eux, se montrent peu ou pas du tout séduits par la circonscription fédérale. Les partisans de celle-ci, et notamment les milieux ultra conservateurs tels que B Plus ne répondent pas aux questions concrètes que pose cette formule : comment éviter un grave déséquilibre communautaire au détriment des Francophones si les sièges sont répartis en fonction des voix de préférence, sachant que beaucoup d’électeurs du Sud, surtout à Bruxelles, voteront volontiers pour des candidats flamands ? Comment préserver le caractère « national » d’un pareil scrutin tout en le corrigeant à l’avance par des quotas forfaitaires attribués à chaque communauté ?
A l’occasion des élections européennes de 1979, l’ancien Premier ministre CVP Léo Tindemans avait proposé l’instauration d’une seule circonscription belge, escomptant un raz-de-marée en sa faveur, y compris dans la Wallonie profonde. Le danger était réel en raison du masochisme qui régnait déjà dans l’électorat francophone, prompt à oublier les gages donnés par M. Tindemans au flamingantisme lorsqu’il avait saboté la grande réforme du Pacte d’Egmont. Le président du PSC de l’époque, Charles-Ferdinand Nothomb, s’était légitimement opposé aux ambitions suspectes de M. Tindemans, et celles-ci échouèrent.
Mme Milquet et M. Javaux, qui durant leur mandat de président de parti ont soutenu ce projet de circonscription fédérale, semblent avoir oublié la leçon de M. Nothomb : ils ont réussi cet exercice difficile d’être plus belgicains que l’ancien président du PSC.
En tout état de cause, on ne voit guère d’États fédéraux qui organiseraient une élection « nationale » au sein d’une seule circonscription. Au reste, l’ancienne Belgique unitaire n’a jamais fondé sa démocratie parlementaire sur un pareil mécanisme. Si par miracle il était mis en place, comment imaginer qu’une hirondelle de cette espèce-là, venue d’un pays de rêve, pourrait annoncer le printemps de la réconciliation belge ?
Le professeur Hugues Dumont lui a d’ailleurs donné le coup de grâce : « Une circonscription fédérale créée sans la garantie de quotas linguistiques, ce sera une peau de banane pour les Francophones. »
Laurent Brogniet,
Président du R.W.F.
Note : le Laatste Nieuws relate également le fait que Di Rupo avait eu recours à l’UCL à un important service de gardiennage… privé pour prévenir tout entartage ou action des Femen.
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