L’Etat belge est l’un des rares pays au monde à faire payer les allocations de chômage par les organisations syndicales.
En France, ce sont des organisations neutres qui sont en charge de ce secteur. Le montant de cette « intervention dans les frais de gestion » se répartit entre les différents syndicats selon le nombre de dossiers traités par chacun: à savoir 77,88 millions pour la CSC, 74,65 millions pour la FGTB et 13,37 millions pour la CGSLB. Les chômeurs qui ne sont pas affiliés à un syndicat peuvent se tourner vers la CAPAC, qui a reçu l’an dernier 39,1 millions d’euros. Mais la lenteur légendaire de la CAPAC, calculée ou non, pousserait les sans-emploi à s’affilier à une organisation syndicale afin que leur dossier soit plus rapidement traité. Cette situation absurde explique à elle seule le taux élevé de syndicalisation en Belgique. Une affiliation qui fait davantage office d’assurance et de protection que de contre-pouvoir nécessaire face à certaines dérives du patronat.
Au total, les frais administratifs liés au paiement des allocations de chômage dépassent les 205 millions d’euros par an.
Le gouvernement Di Rupo le dernier étudie actuellement la possibilité de mettre en place un nouveau dispositif qui responsabiliserait les organisations syndicales et les impliquerait, avec bonus à la clé, dans la lutte contre les «faux chômeurs», soit ceux qui bénéficient illégalement d’allocations de chômage.
Ne serait-il pas plus simple et plus sain de supprimer cet échelon intermédiaire qu’est le syndicat dans le domaine du paiement des allocations de chômage ?
Autre situation troublante : il est étonnant que l’on octroie une prime syndicale aux affiliés d’une organisation syndicale. Cette opération perverse ressemble à s’y méprendre à l’achat d’une certaine « modération » des revendications des syndicats.
Enfin, est-il normal que des dirigeants syndicaux fassent partie intégrante de certains partis politiques (PS et CD&V entre autres) : Thierry Baudson comme Anne-Marie Demelenne font partie… du Bureau exécutif du PS. On dit même qu’Anne Demelenne pourrait figurer sur la liste du PS en 2014. Belle confusion d’intérêts… dans la mesure où le PS entre de plus en plus souvent en collision avec les aspirations du monde du travail.
Tout ceci n’a pas cours en France. Ils ne sont que 8% d’affiliés, mais en cas de mobilisation, comme c’était le cas pour la réforme du régime des retraites, ils étaient un million dans les rues plusieurs fois de suite.
Pour des raisons historiques, il est évident que les syndicats en France sont plus proches de leurs traditions de combat et de défense des droits des travailleurs.
Et ce n’est pas l’index, dans le collimateur du patronat flamand qui changera la donne en faveur du syndicalisme de coopération, d’aucuns parlent de soumission, à la belge !
Alain Destexhe et les syndicats en Belgique : tout n’est pas forcément faux