A l’heure actuelle, le Plan B ou la petite Belgique continuée (ensemble Wallonie-Bruxelles, parfois appelée le « Wallo-Brux » ou la « Minibel »), mis en exergue par les médias francophones, a la cote dans une partie de la classe politique et des milieux monarchiques : on y voit le meilleur moyen de préserver le caractère exorbitant de leurs pouvoirs actuels. Un secteur de l’establishment belge, anti-français par principe, y trouverait la possibilité de conserver son statut social.
Cette hypothèse est évidemment contraire à toutes les aspirations historiques du mouvement wallon. Aux yeux de la population, elle n’aurait guère plus de crédibilité que l’indépendance de la seule Wallonie, car elle n’offrirait pas plus de sécurité politique, économique ou financière. Une petite Belgique sans la Flandre tenterait en vain de reproduire a perpétuité le « paradis belge perdu » et les vertus mythiques qui lui sont attribuées.
Amputée de 60% de sa population, la « Belgique malgré tout », n’est que la formule impossible de ceux qui croient pouvoir revenir en 1830. Un État wallon ou une Belgique francophone hésiteraient entre une mauvaise imitation de la France et une principauté réactionnaire anti-française. Dans les deux cas, l’effet d’attraction de la France serait puissant… Et ni l’une ni l’autre de ces solutions ne saurait rivaliser avec la réunion, une réunion qui incontestablement serait rapidement acceptée par les Wallons en cas de disparition de la Belgique. Beaucoup de ceux qui, aujourd’hui, s’en méfient s’y rallieront in fine, soit par soulagement, soit comme la moins mauvaise des solutions.
En novembre 1989 beaucoup d’Allemands de l’Est ne voulaient pas entendre parler de la réunification. Moins d’un an après, les deux parties de Berlin fêtaient ensemble l’avènement de la nouvelle Allemagne.
Laurent Brogniet
Président du R.W.F.