Le groupe Sud Presse a publié un nouveau sondage concernant la Wallonie en cas de scission de l’Etat belge.
En substance, 31 % sont pour la mini-Belgique ou WalloBrux.
25% optent pour une union avec le Grand-Duché du Luxembourg.
24% choisissent le rattachement à la République française.
16% sont pour une Wallonie indépendante.
Le choix du Grand-Duché repose uniquement sur des intérêts économiques, sauf pour une partie de la Province du Luxembourg : essence et cigarettes moins chères, moins d’impôts et de taxes…
Nous avons déjà dit que cette option est nettement moins réaliste que le choix de la France.
En réalité, il n’existe que trois questions à poser aux Wallons en cas de disparition de l’Etat belge :
– Une Fédération Wallonie-Bruxelles
– Une Wallonie indépendante
– Le rattachement à la France
Comment Le Soir traite ses adversaires politiques (tout est dans le titre)
La question concernant le rattachement au Grand-Duché du Luxembourg n’est là que pour diluer notre solution à la question belge dans l’ensemble du sondage, comme le rappelle Paul-Henry Gendebien dans l’article qui suit :
Le rattachement de la Wallonie au Grand-Duché de Luxembourg : un rêve de songe-creux
Par Paul-Henry Gendebien, Président fondateur du R.W.F.
Cherchant un fil conducteur dans toutes les directions, un certain nombre de Wallons s’abandonne volontiers à la plus fantasmagorique des illusions : et pourquoi pas le rattachement de la Wallonie au Grand-Duché de Luxembourg ? Encore une belle chimère, un rêve de songe-creux parfois évoqué dans les profondeurs de nos provinces où l’on croit savoir que les Luxembourgeois seraient riches et ne paieraient que très peu d’impôts. Bref, le nirvana fiscal, caché quelque part juste de l’autre côté de la forêt ardennaise, serait à portée de main ! Désinformation, désordre des imaginations, envie secrète d’un pays sans histoires, à profil bas ? Bien entendu, la sympathie légitime, presque naturelle, des Wallons pour leurs voisins grands-ducaux n’est pas en cause. La bonne gestion de leurs affaires, leur niveau de vie, leur bonhomie rurale sont appréciés, sans doute.
Mais échafauder un Bellux ou une Walluxie serait un exercice particulièrement acrobatique.
Personne de sensé ne pourrait croire un seul instant que les 500.000 ressortissants de l’Etat luxembourgeois avaliseraient leur immersion dans un ensemble politique dominé par 3.500.000 Wallons, avec toutes les conséquences financières, sociales, identitaires que cet adossement impliquerait.
Les dimensions respectives des deux populations l’indiquent sans discussion possible : nous n’assisterions pas à un rattachement de la Wallonie au Grand-Duché mais de celui-ci à la Wallonie. Il ne s’agirait pas d’une réunion, mais d’une annexion des Luxembourgeois par les Wallons.
Absurde, n’est-il pas ? Certains médias continuent pourtant de lever ce lièvre-là, à l’occasion de sondages d’opinion notamment : c’est un moyen de faire diversion ou, tout simplement, de faire baisser artificiellement le taux d’adhésion à une solution française.
On voit bien que le mirage luxembourgeois est impraticable. Les Wallons débarqueront-ils sur les rives de l’Alzette avec leur famille royale ? Rétabliront-ils bravement les anciennes « facilités fiscales » déjà en voie d’extinction à la suite des injonctions européennes et des pressions franco-allemandes ? Exporteront-ils à Luxembourg les mœurs clientélistes et particratiques qui fleurissent chez eux ? S’empresseront-ils d’apprendre le Letzeburger, langue nationale officielle du Grand-Duché ?
Quant à un démembrement de la Wallonie qui se solderait par le détachement de tout ou partie de la province du Luxembourg belge et son intégration au Grand-Duché, elle se heurterait au veto vigoureux des autres Wallons. De toute manière, les autorités grand-ducales ne prendraient pas le risque d’affronter des complications internationales sérieuses en encourageant l’une ou l’autre velléité d’irrédentisme frontalier.
Interrogé sur un rapprochement des Communautés française et germanophone avec son pays, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker considérait, en langage diplomatique, que c’était une « idée étrange ». Et de préciser : « Le Grand-Duché n’a pas vocation à dépanner une Belgique qui se cherche. Je crois que la réponse à la question belge réside en Belgique. Il faudra qu’elle se ressaisisse. Qu’elle donne vers l’extérieur l’image d’un pays le plus uni possible. La crédibilité européenne de la Belgique risque vite d’être mise à néant si on n’y arrive pas. »
Sur le même thème, l’ancien Directeur général du CRISP, M. Vincent de Coorebyter, fit à la même époque un commentaire publié par le journal L’Avenir du Luxembourg :
« …Cela me laisse sceptique. Si les Flamands prennent leur indépendance, ce n’est pas pour créer de l’autre côté une autre Belgique où viendrait s’arrimer le Grand-Duché. Qu’iraient faire Bruxelles et la Wallonie là-bas ? Pourquoi se compliquer la vie ? Pour retrouver les mêmes problèmes linguistiques et de protection des minorités ? Je ne vois pas notre intérêt à faire cela. Ce sont surtout des personnes âgées qui sont sensibles à des rêves de cette espèce… »