Nombreux sont les experts qui nous expliquent que les électeurs de la N-VA ne savent pas vraiment pour quel programme ils votent toujours plus massivement. Ce serait un simple vote antisystème ou le charisme de Bart De Wever qui emporterait leur adhésion. Des beaufs, quoi !
Mais la réalité est toute différente. Une étude de la Hogeschool Gent donne des précisions sur la nature de ce vote.
Première conclusion : les électeurs de la N-VA ont le plus souvent un niveau d’étude plus élevé que les électeurs des autres partis flamands. Plus de la moitié d’entre eux ont en poche un diplôme de l’enseignement supérieur ou universitaire. Il s’agit donc bien d’une certaine élite intellectuelle de la Flandre. Ils sont aussi plus à droite que les partisans du VLD.
En ce qui concerne le communautaire, près de la moitié des électeurs de la N-VA optent pour le confédéralisme, appelé parfois « Belgique coquille vide » (l’armée et la diplomatie restent « belges »). Près d’un tiers (29,5%) sont favorables à l’indépendance. 17% se contenteraient d’un modèle fédéral avec des compétences plus étendues. Au VLD, il se trouve malgré tout 22,7% de confédéralistes « purs et durs » et seulement 2,9% de libéraux indépendantistes. D’où sans doute la courbe rentrante de la N-VA au mois de janvier dernier qui se contenterait provisoirement d’une « Belgique coquille vide » afin de gagner encore quelques voix, surtout du côté du VLD mais également des autres partis flamands.
D’autre part, De Wever se dit victime d’un cordon sanitaire médiatique comme ce fut un moment le cas du Vlaams Belang. 52% des électeurs du VLD sont opposés à cette mise à l’écart. Il est vrai que la N-VA est désormais au pouvoir dans une commune flamande sur trois !
Enfin, sans lien avec ce qui précède, Bart De Wever joue de la provocation : il interdit aux fonctionnaires gays de la mairie d’Anvers de porter des t-shirts (couleurs arc-en-ciel) affichant leur préférence sexuelle.
L’objectif visé ? Faire sortir de ses gonds le PS dans la perspective des élections de 2014 et se rendre imbuvable aux yeux de celui-ci. Avec l’aide du VLD et du CD&V et des partis francophones « amis », Bart De Wever compte bien renvoyer le PS dans l’opposition afin de mettre en oeuvre une politique très marquée à droite.
L’inénarrable Paul Magnette est bien entendu tombé dans le piège en traitant De Wever de crétin. Enfin, il l’a dit en d’autres termes. Pas sûr que ce genre d’invectives, justifiées ou non, soit bien perçu en Flandre…