Avec ses affiches bleu-blanc-rouge, le parti RWF (Rassemblement Wallonie-France) dénote dans la campagne pour les élections locales qui se dérouleront dimanche.
Le RWF ne fait pas campagne dans toute la Belgique. Loin de là. Son terrain est celui de la Wallonie, la partie francophone dans le sud du royaume, avec une prédilection pour les régions limitrophes de la France.
Le parti, dont l’emblème est un fier coq rouge, affiche des ambitions électorales modestes. « Nous ne pesons que 2% des voix en Wallonie. C’est faible bien sûr, mais nous ne sommes pas un parti de pouvoir. Plutôt de réflexion et de propositions », explique Paul-Henry Gendebien, son président-fondateur.
Le RWF, qui revendique 1.200 adhérents, ne présente d’ailleurs que des listes aux élections des assemblées provinciales, dont les pouvoirs sont très limités.
Ses candidats, qui sont facteurs, commerçants ou avocats, cherchent surtout à « réveiller » les électeurs pour qu’ils « prennent conscience que la dislocation de l’Etat belge est irréversible et inéluctable », selon M. Gendebien.
Les tracts qu’ils distribuent dans les boîtes aux lettres sont alarmistes: « La Flandre prépare son indépendance sur notre dos! »; « Plus que jamais, la Belgique est menacée par le séparatisme flamand »; « Demain, l’Etat belge sera ingouvernable ».
Pour le RWF, cette funeste échéance approche avec la montée en puissance du parti séparatiste N-VA (Nouvelle Alliance flamande) qui devrait confirmer sa place de premier parti flamand aux élections municipales. Son leader, Bart De Wever, semble bien placé pour enlever la mairie d’Anvers, deuxième ville du pays, qui lui servirait de tremplin pour les élections générales de 2014.
Prédisant l’implosion de la Belgique « dans les dix ans à venir », M. Gendebien ne voit qu’une solution: que la Wallonie devienne la 23e région française et Bruxelles la 24e. « Le rattachement sera relativement facile à mener car il n’y a guère de différences idéologiques, culturelles, économiques et sociales » entre les deux côtés de la frontière », estime-t-il.
« Les idées rattachistes existent depuis que la Belgique a été créée en 1830. Il y a toujours eu des Belges pour considérer que la France offrait plus d’attraits que la Belgique, trop faible internationalement et divisée », explique Pierre Verjans, politologue à l’université de Liège.
Les quelques études d’opinion réalisées sur la question montrent cependant qu’en cas d’éclatement, une majorité de francophones préféreraient conserver une « petite Belgique » réduite à la Wallonie et à Bruxelles.
De gauche comme de droite, leurs responsables politiques se battent plutôt pour qu’une telle hypothèse ne se présente pas, quitte à accepter une autonomie des régions de plus en plus poussée sous la pression des Flamands.
Quant aux Français, ils seraient 66% à être disposés à accueillir leurs « cousins du nord », un chiffre plus élevé dans les régions limitrophes, selon un sondage de l’Ifop publié en 2010.
Il n’empêche que rares sont les hommes politiques français (note du R.W.F. : c’est inexact) à s’être prononcés sur la question depuis Charles De Gaulle, pour qui les Wallons « demandent à être intégrés au sein de la République française, dont ils ont déjà fait partie », selon des propos rapportés par son biographe Alain Peyrefitte.
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