Article sur le blogue de Marcel Sel (ne l’engage en aucune façon vis-à-vis du R.W.F.)
S’il faut le dire plus clairement pour qu’on comprenne, dites-le moi. Dans une interview à De Tijd, Geert Bourgeois (N-VA) explique sa vision du conféderalisme: chacun ses impôts, chacun sa sécurité sociale, son marché du travail, ses structures salariales. Il dit aussi ce que j’ai dit depuis un bon moment : 2014 est l’année A pour la N-VA. Bourgeois énonce ce qu’on pourra encore faire ensemble: l’armée et la gestion de Bruxelles, que la Flandre de la N-VA ne lâcherait pas. Pour des raisons idéologiques, évidemment, mais aussi financières: Bruxelles, c’est plus du quart du « PIB de la Flandre » et un transfert fiscal de plus de 6 milliards €. Et bien évidemment, Bruxelles serait cogérée par les deux États. Comprenez bien ce que ça signifie: enclavée en Flandre, la Capitale sera à la merci de ses décisions et la Wallonie n’y pourra rien. Et plutôt qu’une majorité à Bruxelles, les Francophones deviendront une minorité en Flandre. Comme je l’ai maintes fois expliqué, ce confédéralisme, c’est tout bénef pour la Flandre, la misère pour la Wallonie et la perte de sa richesse et de son autonomie chèrement acquise pour Bruxelles. Bourgeois explique que « Bruxelles serait une sorte de Jérusalem ». Et il ne comprend probablement pas à quel point il a raison. Sauf que ce ne serait pas juste : Bruxelles Est qui serait occupée, mais toute la ville, par des nationalistes. Avec des conséquences imprévisibles quant aux réactions de la population.
Didier Reynders nous explique depuis plusieurs années qu’il y a moyen de discuter avec une N-VA au pouvoir de ce que nous voulons encore faire ensemble. Eh bien, voilà, maintenant, il sait. L’armée. Enfin, ça, c’est la version Bourgeois, parce que Bart De Wever explique que l’armée, ce sera à terme une compétence européenne. La monnaie l’est déjà. Que reste-t-il à négocier? C’est simple : une aumône pour la Wallonie qui empêchera tout investissement un tant soit peu sérieux, et la négociation d’une fiscalité et d’une Sécu pas trop, trop différente entre Bruxellois flamands et Bruxellois wallons dans la « capitale » de l’UE où la ségrégation fiscale et sociale sera en vigueur, comble des combles! Ah oui, j’oubliais : l’armée est déjà placée sous la direction de généraux néerlandophones. C’est 1918 à l’envers. En voor de Walen, hetzelfde.
Les Flamands auront les cordons de la bourse et les Wallons le droit à la mendicité. À Bruxelles, les médecins unilingues seront interdits d’hôpitaux. Quant à la construction d’écoles francophones ou le financement de l’enseignement dans la Capitale, elle reviendra à la pauvre Wallonie… Bref, les conditions de la N-VA sont inacceptables. N’en déplaise à Didier Reynders qui ferait bien de troquer sa casaque de Dalladier pour celle de Danton.
Car il faut être clair, et je m’adresse avant tout aux journalistes flamands: une victoire de la N-VA en 2014 signifie purement et simplement la fin de la Belgique, dans des circonstances qui pourraient s’avérer tragiques. D’autant plus si, d’ici-là, la crise nous amène à une situation grave en Wallonie et à Bruxelles (24% de chômage déjà…) N’est-il pas temps d’expliquer ça à l’électeur moyen de la N-VA, qu’il puisse au moins faire son choix en connaissance de cause? Je sais, chers confrères de Flandre, que vous pensez la scission impossible. Mais c’est très mal évaluer les Bruxellois et les Wallons. Si leur avenir économique est meilleur sans la Flandre qu’avec elle dans une perspective confédérale où ils auront tout à perdre, ce sera le clash. Et ils feront ce qu’il faut. Pendant que vous niez l’évidence, le Centre et le Sud se préparent déjà à l’après-Belgique. Et si les Flamands veulent garder « leur argent » en sus de celui de Bruxelles parce qu’ils ne se trouvent pas encore assez riches, ce qui les amène à militer pour une scission plus ou moins confédérale, du côté des Wallons et Bruxellois, ce serait purement et simplement une question de survie. Vous pouvez obtenir une autonomie honnête (sans Bruxelles, donc) par des actions pacifiques et honorables, encore faut-il respecter tous vos citoyens. Mais quand il sera question pour Bruxelles et la Wallonie de simplement éviter le grand plongeon vers la misère et la soumission, n’attendez surtout pas de vos concitoyens du Sud qu’ils vous fassent des cadeaux. It’s gonna get nasty. À force de vous répéter en boucle, dans vos cercles intellectuels, que les Bruxellois et les Wallons sont gentils et incompétents, vous avez oublié qu’ils ont beaucoup en commun avec les Flamands: ils sont placides très longtemps, mais quand il s’agit de défendre leur bifteck, les agneaux se transforment en loups.
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