Les partis officiels ont peur et ils ont toutes les raisons d’avoir peur !
Éditorial de Paul-Henry Gendebien, Président fondateur du R.W.F.
M. Di Rupo ne gouverne pas. Il administre les affaires courantes sous le contrôle des partis flamands de sa majorité, qui le tiennent en otage. Il n’agit pas. Il ne réforme pas.
L’opinion publique flamande se montre de plus en plus méfiante à l’endroit de ce non-gouvernement. Les ministres battent aujourd’hui les estrades communales, tout en se surveillant mutuellement. Comme dans un mauvais western, on se demande qui va tirer le premier. « Ce gouvernement est le meilleur que la Belgique ait connu depuis 1945 », ose proclamer M. Di Rupo.
En réalité, au 16 rue de la Loi, c’est OK Corral.
Comment pourrait-il en être autrement dès lors que notre calamiteux système électoral à la proportionnelle a propulsé au pouvoir une coalition hétéroclite de 6 partis, dont 5 avaient perdu lors du scrutin de juin 2010 ?
Le gouvernement belge actuel est utra-faible pour une deuxième raison : c’est un gouvernement de la peur, tétanisé par la montée en puissance de la N-VA.
C’est aussi le gouvernement de la dernière chance, car demain la Flandre politique refusera de gouverner une Belgique qui ne s’engagerait pas sur le chemin de la partition finale.
L’euphorie triomphante et grotesque qui avait accompagné l’accession au pouvoir de M. Di Rupo est déjà retombée, telle un mauvais soufflé.
Le Premier ministre n’agit pas, ni sur le plan de la relance économique ni sur le plan de la relance politique, encore moins sur celui des réformes du fonctionnement d’un État sérieusement grippé (pensions, justice, enseignement, sécurité, etc.)
Quant à la 6ème réforme de l’État, qui doit consacrer une nouvelle et lourde défaite wallonne et bruxelloise, elle n’avance qu’à petits pas, ce qui indispose profondément la Flandre militante.
Après huit mois d’exercice(s), M. Di Rupo fait surtout de la communication, puissamment aidé par les médias francophones littéralement fascinés par le personnage.
Mais son bilan est maigrichon. Il a tout juste offert à la Flandre une scission bancale de BHV, sans contrepartie consistante pour les francophones.
Aujourd’hui, les ultimes défenseurs du belgicisme redoutent une victoire de la N-VA à l’occasion des prochains scrutins, surtout ceux de 2014, voire de 2013 si une nouvelle crise devait éclater dans les prochains mois. La panique est visible à la seule lecture des éditoriaux de la presse bruxelloise !
Ces messieurs-dames ont toutes les raisons d’être inquiets : quels que soient les résultats des élections municipales à Anvers, la N-VA y accédera au pouvoir.
Et la majorité parlementaire – régionale et législative – sera bousculée en 2014, au profit d’un nationalisme séparatiste qui a contaminé tous les partis flamands.
La Flandre est mécontente et frustrée. Elle « digère » de moins en moins M. Di Rupo.
A ses yeux, celui-ci porte une double tare : il est wallon et « socialiste ».
La Flandre se sent privée de sa majorité. Elle ne se résigne pas au spectacle de la « passivité belge » en matière économique et fiscale.
Dans le même temps, M. De Wever parvient à capter ce mécontentement. La force du président de la N-VA, que les « bien-pensants » francophones s’obstinent à ne pas percevoir, c’est d’avoir réussi la synthèse entre un courant historique, traditionnel, fondé sur une ressentiment à la fois culturel et social vis-à-vis des francophones, et un courant moderniste, dynamique, économique du mouvement flamand.
C’est pourquoi, il est vain de croire que la N-VA ne correspond qu’à une mode passagère. Il est insensé de comparer De Wever à des personnages aussi douteux que Van Rossem ou Dedecker. Cette pseudo-analyse relève de la méthode Coué.
Il est clair que si d’aventure la N-VA disparaissait, l’aspiration nationale flamande ne disparaîtrait pas pour autant.
Les partis francophones officiels se trompent et ils se trompent lourdement.
Ils trompent aussi les électeurs francophones. Ils essaient, en vain, de nous faire croire qu’il faut céder aux exigences flamandes afin de faire reculer la N-VA. C’est une grossière erreur. Toute concession francophone, on le sait depuis 50 ans, ne fait qu’aiguiser l’appétit flamand et prépare en fait un nouveau cahier de revendications qui vont dans le sens du séparatisme larvé.
Ils mentent aussi à l’Europe en donnant à penser que la Belgique est sauvée pour mille ans !
Madame Milquet (qui finira un jour par croire à ses propres billevesées) n’a-t-elle pas récemment déclaré sans rire au Soir que « ce gouvernement a pacifié le pays » ?
On ne gouverne pas par le mensonge. Au mieux on peut essayer d’anesthésier l’opinion pour un certain temps. Car ils sont de plus en plus nombreux en Wallonie et à Bruxelles à voir que la Flandre ne sera jamais rassasiée, et qu’elle n’aura pas de repos avant de disposer de son propre État, de sa propre politique économique, sociale et fiscale, et de son siège à l’Europe !
Madame Milquet a prouvé, lors des négociations de 2011, qu’elle n’avait aucun principe, que son idéologie était invertébrée, et que son appétit des apparences du pouvoir était illimité. Son parti le paie déjà et ce n’est qu’un début !
La révolution flamande, peu bruyante en surface, mais déterminée, va bientôt se rappeler au bon souvenir des derniers adorateurs du Veau d’or belgiciste.
Partout présent en Wallonie aux élections provinciales (à l’exception de Bouillon et d’Eupen), le R.W.F. tient bon et continue le combat ! Ses idées progressent au sein de la population.
L’Histoire lui donnera bientôt raison, car le régime belge est à bout de souffle !
Photo : Paul-Henry Gendebien au côté de notre Président Laurent Brogniet