Alors que la Cour de M. Di Rupo l’a proclamé bilingue ad vitam aeternam (nous en serons convaincus quand il soutiendra un débat pointu à la VRT face à des adversaires coriaces), la presse flamande s’inquiète du succès croissant auprès des jeunes d’un néerlandais qui serait un mélange d’ABN, la langue officielle, et d’expressions dialectales. Il serait même question d’autoriser dans l’enseignement officiel ces tournures qui forment une sorte de « tussentaal », soit une langue d’entre-deux difficilement accessible aux francophones qui débarquent en Flandre avec leur néerlandais « scolaire » (ce fameux ABN !). Cette tendance des jeunes Flamands à s’accrocher à leur beffroi s’accentue d’année en année, comme s’il leur fallait marquer la différence avec leurs congénères des villes voisines (Bruges, Gand, Anvers, Hasselt, Courtrai, etc.)
Dans l’intervalle, les Wallons optent de plus en plus pour l’anglais à la place du néerlandais comme seconde langue enseignée à l’école.
Et ils ont bien raison ! Avec un peu de volonté de leur part, la langue anglaise est bien plus facile à apprendre pour eux : la structure grammaticale est souvent voisine de la nôtre et de très nombreux mots de vocabulaire sont issus directement du français, du franco-normand ou du latin. Les emprunts dans l’autre direction (de l’anglais vers le français) sont également bien réels. Et, utilisés avec modération, ils ont enrichi notre langue. L’anglais, comme fait culturel, est entré dans la vie quotidienne des adolescents wallons, via le rock, le cinéma et même la littérature. Ce qui ne doit pas nous empêcher de continuer à lutter pour préserver « l’exception culturelle » française.
L’abandon progressif du néerlandais académique par la jeunesse flamande et le développement de l’anglais comme langue de communication aux Pays-Bas réduisent toujours plus l’intérêt d’apprendre le néerlandais.
Les familles francophones qui ont choisi l’immersion linguistique en néerlandais pour leurs enfants se trompent donc lourdement : un Wallon ne parviendra jamais à se faire passer pour un Flamand dans son milieu professionnel à Bruxelles.
L’avenir des contacts entre jeunes Flamands et Wallons passe par l’anglais, qu’on le veuille ou non.
Le futur de ce qui restera de notre administration fédérale passera également par l’anglais en tant que seconde langue et non plus par le néerlandais, un bilinguisme mal compris qui prive abusivement les francophones de milliers d’emplois à Bruxelles.
Bien entendu, libre aux Wallons d’apprendre une troisième langue : l’espagnol, l’allemand ou le flamand.
A Gand, le programme officiel du VLD a été traduit en dialecte gantois ! (vaut le détour)
Their goose is cooked (les carottes sont cuites) – éditorial de Rik Van Cauwelaert (Knack)