Il y a cent ans, le 15 août 1912, le tribun socialiste Jules Destrée écrivait sa fameuse Lettre au roi Albert 1er dont l’Histoire retiendra ce passage :
« Et maintenant que me voilà introduit auprès de Vous, grâce à cette sorte de confession, laissez-moi Vous dire la vérité, la grande et horrifiante vérité : « Il n’y a pas de Belges, mais des Wallons et des Flamands. »
« Sire (…) Vous régnez sur deux peuples. Il y a en Belgique, des Wallons et des Flamands ; il n’y a pas de Belges. »
Plus tard, dans un autre ouvrage, il écrira : « Si la Belgique disparaît (…) l’incompréhension des centralisateurs nationalistes en aura été cause tout autant que le fanatisme conquérant des flamingants » (Jules Destrée, Wallons et Flamands, Paris, 1923, p. 175), mais aussi : « La Wallonie est un morceau de France. »
La réalité a dépassé son analyse futuriste.
Plus inquiétant, Destrée a largement anticipé l’acculturation dont la Wallonie est victime depuis plusieurs décennies.
Sa phrase « Ils nous ont volé notre passé » en évoquant les Flamands est malheureusement plus que jamais pertinente.
Pour l’exemple, la polyphonie wallonne qui annonce la musique classique a été accaparée par les Flamands : Gilles Binchois, Roland de Lassus, Ockeghem (né à Sait-Ghislain), Josquin des Prés, etc. Tous Flamands bon teint !
La peinture : Joachim Patenier, né à Dinant, Mabuse (Jan Gossaert), né à Maubeuge, Jean Van Eyck débutant à la cour du Prince-Evêque de Liège ou encore Rogier Van der Weyden (né à Tournai Roger de la Pasture) feraient partie de l’école flamande alors que le terme le plus correct serait « École bourguignonne, voire franco. Rappelons que les ducs de Bourgogne étaient des princes on ne peut plus français.
Actuellement, des écrivains, certes de sensibilité flamande, mais qui ont écrit en français, comme Verhaeren, Elskamp, Maeterlinck (Prix Nobel 1911) deviennent de purs écrivains flamands qui seraient nés, selon nos voisins, à une mauvais époque où la culture française « opprimait » les artistes nés en Flandre.
A Venise, le Flamand Jan Hoet avait même embrigadé… Magritte dans la peinture flamande et hollandaise (Flemish and Dutch Painting, 1997), lui qui a passé la majeure partie de son enfance en Wallonie.
Plus récemment, la Bibliothèque royale organisait une exposition sur les miniaturistes « flamands » : en consultant l’index du catalogue, l’observateur constatait que la majeure partie des artistes étaient originaires du grand Hainaut historique et parlaient le français.
Ces derniers mois, la Flandre conquérante et consciente de l’importance de la vitrine internationale de Bruxelles, avec la collaboration active et empressée d’un Michel Draguet dévoré d’ambition envisage de créer un « Musée de l’héritage flamand » au Mont des Arts, en plein coeur de Bruxelles. De nombreux artistes wallons y seront bien évidemment annexés. Sans coup férir.
Comme Destrée, il est plus que temps de comprendre que « la Wallonie est un morceau de France » séparée de celle-ci par le Congrès de Vienne, la défaite de Waterloo et la Conférence de Londres où la France de Louis-Philippe et d’un Talleyrand vieillissant s’est couchée pour des raisons de géostratégie à brève échéance.
Les Wallons sont en réalité les seuls vaincus de Waterloo.
Il n’est jamais trop tard pour un peuple digne de ce nom de se réveiller, de retrouver l’audace et la fierté ! De rejoindre sa soeur, la France !
Pour l’heure, le silence des autorités wallonnes autour de ce centième anniversaire de la célèbre Lettre au Roi de Jules Destrée est désespérant.
Aux yeux des caciques du PS, les Wallons sont peut-être déjà dans le rôle de « Flamands qui parlent le français ».
Et dire qu’un jour l’aspirant carriériste Elio Di Rupo fut membre de l’Institut Jules Destrée.
Plus que probablement pour amuser la galerie des roitelets…
Ps : Rik Van Cauwelaert, l’intellectuel de l’hebdomadaire flamand Knack, a consacré plusieurs articles à Jules Destrée ces dernières semaines.
A comparer au désert francophone, privé de miroir et de mémoire…
A lire : I Fiaminghi Museum (Musée de l’Héritage flamand au Mont des Arts) (milieu de l’article)
La Lettre au Roi de Jules Destrée (version intégrale en pdf)
Le R.W.F. n’adhère évidemment pas à tout ce qui y est dit… Le texte date de 1912.