Bernard Menez, le sympathique humoriste français qui a tâté en son temps de l’élection présidentielle, donne ici un témoignage venu de « l’étranger » sur la lente et méthodique éradication de la culture française en Flandre.
Aujourd’hui, il subsisterait 300.000 francophones en Flandre, la plupart très bons bilingues, qui sont privés de tous droits politique et culturel alors qu’ils ont fait connaître en français cette nation flamande dans le monde entier (l’on songe à Maeterlinck, Prix Nobel de Littérature en 1911, Rodenbach monté avec succès à Paris, Emile Verhaeren, Marie Gevers, Paul Emond, Michel de Ghelderode, Jean Ray, etc).
Rappelons que la Flandre a été longtemps bilingue et qu’elle a connu son apogée sous des princes français qui ne parlaient que le français : les ducs de Bourgogne.
Après 1830, la bourgeoisie wallonne a joué un rôle insignifiant dans l’oppression de la langue et de la culture flamandes qui étaient méprisées par les propres élites de la Flandre et par l’Etat belge.
Que la Flandre ait conquis et retrouvé sa dignité politique et culturelle, c’est tant mieux. Mais qu’elle renie, voire interdise, la culture française sur son sol, c’est autre chose…
Pour mémoire, le cycle Exploration du Monde et le fabuleux Cirque Bouglione n’ont plus droit de cité en Flandre, à cause de quelques extrémistes, mais avec la bénédiction tacite des autorités en place.
Alors entre une Flandre politique qui éradique le français et une France qui le promeut chaque jour et qui est la tête de proue de la francophonie dans le monde, le choix ne nous semble guère difficile.
Rappelons que la France, décrétée jacobine par certains Belgicains obtus alors que la tendance à la décentralisation n’a jamais été aussi large, a permis à la Bretagne, à l’Alsace ou à l’Occitanie de placer des plaques « bilingues » à l’entrée de leurs villages et que leur langue régionale est enseignée avec la plus grande rigueur philologique à l’Université.
Ce qui n’est évidemment pas le cas du statut des langues régionales en Wallonie !
Le R.W.F. se pose la question : « Wallonie, qu’as-tu fait de ton autonomie ? »
Bernard Menez à la DH du 21 avril :
Êtes-vous souvent venu en Belgique ?
Oui, souvent. À la fin des années 70, le cinéma français était très bien accueilli en Belgique. J’ai même joué dans des villes flamandes en langue française. J’ai eu le plaisir de jouer à Anvers, Ostende, Gand… à une époque où il n’y avait pas ce conflit de langues et où la communauté francophone pouvait s’y afficher sans représailles.
Autrefois, l’accueil était très chaleureux dans toute la Belgique; or, maintenant, ce n’est plus possible de jouer une pièce en langue française dans la partie flamande. C’est regrettable qu’il y ait ce conflit avec la langue française…