Paul-Henry Gendebien, président fondateur du Rassemblement Wallonie-France (R.W.F.), est décédé ce vendredi des suites d’une courte maladie à l’âge de 84 ans.
Docteur en droit et Licencié en sciences économiques, son parcours a été tout entier consacré à la Wallonie.
Il fut président du Rassemblement wallon à un moment où ce parti jouait un rôle de premier plan dans la vie politique. Il y côtoya François Perin, Jean Gol, Marcel Thiry et tant d’autres.
Il commença sa carrière comme collaborateur du CRISP et fut un précurseur en matière d’écologie politique (L’Environnement… un problème politique pour la Wallonie, pour l’Europe, pour le Monde, 1972).
A contre-courant de son milieu familial – il était le petit-fils du premier ministre Henri Carton de Wiart qui avait surnommé Liège « la Cité ardente –, il s’est très tôt investi dans le combat pour une Belgique fédérale. Il fut l’un des premiers à prendre conscience que la Belgique unitaire « de papa » ne fonctionnait plus et que la Wallonie était de plus en plus soumise à un État belge dominé par une Flandre revendicatrice.
Ils furent nombreux à apprécier sa grande puissance d’analyse d’une situation politique ainsi que ses discours visionnaires. Certes, son caractère entier ne faisait pas toujours l’unanimité tant ses profondes convictions étaient intangibles. Et son sens aigu de la formule était redouté par ses adversaires. Ainsi, lors de sa toute dernière intervention à un débat politique (RTL), il mit les rieurs de son côté en affirmant qu’il était impossible de faire une omelette belge avec un œuf dur flamand !
Il fut successivement député européen, député wallon puis représentant de la Communauté française (FW-B) à Paris.
En 1996, la plupart des observateurs pensaient que sa carrière était achevée. C’était méconnaître l’homme de réflexion et d’action qu’était Paul-Henry Gendebien. Entouré d’un cercle d’amis, il fonda le Rassemblement Wallonie-France en 1999, un parti de devoir et non de pouvoir, un part éveilleur des consciences comme il aimait à le dire. Il était intimement persuadé que, dans un avenir proche, le mouvement flamand et son patronat considéreraient que l’État belge leur coûterait trop cher. Prévoyant le « confédéralisme » à la De Wever, soit la Belgique « coquille vide », il estimait que la région wallonne complètement autonome n’était pas viable. Dès lors, il était plus que temps pour la Wallonie de rejoindre sa patrie naturelle, la France, dont seul un accident de l’Histoire l’avait séparée.
Si le parti, devenu mouvement entre-temps, n’a pas récolté le succès électoral espéré, il conserve l’immense mérite d’avoir fait passer le message – dont la doctrine avait été élaborée par Paul-Henry Gendebien – auprès des élites politiques, d’une large frange de la population wallonne et de nombreux pays.
Intellectuel brillant aux talents multiples, il avait écrit plusieurs livres, qui s’ajoutaient aux précédents, dans sa retraite à Lierneux, dans cette Ardenne qu’il aimait passionnément.
C’est ainsi qu’on lui doit l’histoire de la famille Gendebien dont plusieurs personnalités ont joué un rôle éminent dans l’histoire de l’État belge. Cette étude fouillée sera suivie de ses souvenirs relatifs au mouvement wallon et de sa carrière en général, de récits ardennais, qui viennent de paraître, ainsi qu’une biographie de sa grand-mère emprisonnée durant la Grande Guerre pour faits de résistance à l’occupant allemand. Au moment de sa disparition, il avait largement entamé le récit de la vie de son père, héros de la Royal Air Force mort en service commandé au-dessus d’Amersfoort en 1944.
La résistance à l’oppression politique et l’intrépidité figuraient sans aucun doute dans son ADN.
Ses compagnons du Rassemblement wallon et du Rassemblement Wallonie-France saluent sa mémoire et présente à son épouse Estelle, à sa famille, ainsi qu’à ses proches ses plus sincères condoléances.
3 mai 2024