Été 1942. Il y aura bientôt 80 ans. L’Ukraine est administrée par les nazis avec brutalité. Ceux-ci estiment judicieux d’organiser des matches de football entre les pays occupés. Et c’est une équipe ukrainienne qui vole de victoire en victoire. L’équipe est construite sur la base de celle du Dynamo Kiev. Les Nazis trouvent opportun de lui faire rencontrer la redoutable équipe de la Luftwaffe.
45 000 spectateurs se retrouvent dans le stade. Les joueurs ukrainiens sont obligés de faire le salut hitlérien. Ils le font mais, une fois le bras tendu, ils referment le point en le ramenant sur le cœur en criant, au lieu du Heil Hitler prévu : « Vive le sport ». Le public exulte. A la mi-temps, alors que les Ukrainiens jouent à dix (jambe d’un joueur fracturée, sans remplacement autorisé), ils reçoivent dans le vestiaire la visite du superintendant de Kiev, le général nazi Eberhardt, qui leur impose de …perdre. « Si vous ne perdez pas, vous serez exécutés ». Les joueurs remontent sur le terrain et jouent. Ils s’imposent 5-1.
Les Allemands font venir des joueurs professionnels de Berlin pour la revanche, quelques jours plus tard. Le stade est entouré de SS. Les Ukrainiens, dans le délire populaire, s’imposent 5-3. Trois joueurs profitent de la confusion née de l’envahissement de terrain pour disparaître. Ils survivront à la guerre. Les autres sont arrêtés et amenés à Babi Yar, dans la périphérie de Kiev où, les 29 et 30 septembre 1941, 33 741 Juifs ont été exécutés par balles et directement ensevelis. Quatre joueurs furent assassinés le jour même, les autres suivront.
Poutine connait bien l’histoire. C’est l’URSS qui, après-guerre, par la pose d’un monument commémoratif devant le stade, en a assuré la publicité, l’équipe ukrainienne étant évidemment devenue une équipe… russe. Il doit donc se douter que, à Kiev, on ne lui déroule pas le tapis rouge : les Ukrainiens n’hésitent pas à mourir pour leur patrie.