Francis Benoit (CD&V) :
« Les gens sont en colère, furieux même. »
Beaucoup de gens voient Vivaldi comme une « coalition de perdants ».
Analyse de Julien Borremans publié
dans la revue Doorbraak le 10.2.2022
La politique est malade. Les gens sont en colère, voire furieux. Je les comprends. Je suis également en colère contre de nombreuses décisions apathiques », déclare Francis Benoit (CD&V), le flamboyant bourgmestre de Kuurne [ndlr : près de Courtrai), dans une interview accordée au Standaard. Si la politique continue ainsi, il craint une colère croissante au sein de la population. Le président de la N-VA, Bart De Wever, s’est également exprimé de la même manière l’année dernière dans le Krant van West-Vlaanderen. La hausse des prix de l’énergie est l’un des catalyseurs de ce mécontentement.
Facture d’électricité
Le régulateur fédéral de l’énergie, la Creg, a calculé que la facture annuelle moyenne de gaz naturel est passée de 2780 euros en décembre à 3782 euros en janvier : c’est une augmentation de 1000 euros en un mois. La facture moyenne d’électricité a également augmenté en janvier par rapport à décembre, de 362 euros. Qu’est-ce que le gouvernement oppose à cela ? 165 euros sur une base annuelle. Une bagatelle. Une bagatelle qui entrera en application au début du printemps, alors que c’est en hiver que les coûts énergétiques sont les plus élevés. Un cri d’impuissance. Alors que le citoyen se remet de la crise corona, il reçoit un autre uppercut financier.
Arrêtez ce machin
Le bourgmestre Francis Benoit (CD&V) n’est pas un novice et ne mâche pas ses mots. Il a récemment critiqué le Covid Safe Ticket : « Même les personnes vaccinées peuvent avoir le corona et le transmettre, mais une fois pris dans un événement, tout le monde peut danser la polonaise à proximité les uns des autres. C’est de la folie.
Lors de l’élection interne de son parti – après les résultats désastreux des élections de 2019 – il n’a pas non plus été tendre avec le président du CD&V de l’époque :
Vous n’écoutez pas la véritable base du parti. Vous êtes gavés par une caste politique qui a perdu le contact avec la réalité… Il est temps de faire preuve de leadership et de volonté d’écoute. Arrêtez cette fausse démocratie de parti. Arrêtez le truc du Plop [ndlr : machin ?] CD&V, a-t-il lancé en ricanant à Wouter Beke, alors président. M. Beke a déclaré qu’il prenait les paroles du bourgmestre de Kuurne à cœur, mais qu’entre-temps, peu de choses ont changé au sein du CD&V.
Selon Francis Benoit, le système est « pourri ». Ce qui a été décidé en matière d’énergie maintenant, je n’oserais même pas le présenter… Les solutions de ce genre ne font que rendre les gens plus furieux.
Le bourgmestre Benoit est-il dans le bon parti ?
Le bourgmestre Benoit a le cœur sur la main et n’est pas un soldat de parti complaisant, mais un politicien indépendant qui vit avec et parmi les gens. Et les gens sont en colère. En 2024, il s’attend à être impitoyablement puni par les électeurs. Le Vlaams Belang et le PVDA pourraient bien s’assurer une masse de « votes de protestation ». Cela rendrait la Belgique complètement ingouvernable. Au sein de son propre parti, le bourgmestre Benoit se heurte à un mur d’incompréhension. La critique de ses propres ministres n’est pas autorisée. Selon le west-flamand, la politique, c’est trop de marketing. « Les gens ne s’y trompent pas », prévient-il. « Beaucoup de gens voient Vivaldi comme une coalition de perdants. Les gens sont en colère, voire furieux. »
Le bourgmestre de Kuurne ne souhaite pas collaborer avec le Vlaams Belang, mais il comprend que la situation devient progressivement explosive. La politique est malade. Les gens sont en colère, voire furieux… Je suis également en colère contre de nombreuses décisions apathiques. Un changement de président au CD&V n’apportera guère de réconfort. Joachim Coens est peut-être un empoté de la communication, mais l’ensemble du parti manque de crédibilité ou de colonne vertébrale pour changer radicalement de cap. La déclaration de mission du parti est la suivante : « Pour nous, chaque personne compte ». Totalement dénué de sens. Mais elle met en évidence le vide idéologique dans lequel se trouvent les chrétiens-démocrates. À moins d’un revirement radical, le parti est voué à disparaître et à se désintégrer en bastions locaux.
Le langage des cordons de la bourse s’amplifie avec le Vlaams Belang
Les partis ayant un profil idéologique fort et une virginité politique ont le vent en poupe. Tom Van Grieken et Raoul Hedebouw demandent tous deux une réduction immédiate de la TVA sur l’ensemble de la facture énergétique de 21 à 6 %. Le premier taux s’applique aux produits de luxe, et les deux donnent presque simultanément les mêmes exemples : « Caviar et champagne ». Van Grieken, d’ailleurs, décrit explicitement son parti comme « un parti social populaire », pêchant ainsi directement dans les eaux électorales du PVDA. Le langage des cordons de la bourse devient plus fort avec le Vlaams Belang. Ce faisant, le parti a sérieusement élargi son spectre idéologique et électoral.
Francis Benoit est pris pour un ennemi. Des partis comme le Vlaams Belang et le PVDA sont nécessaires pour canaliser la colère populaire en un vote de protestation. Ces partis traduisent « la colère de leurs membres en actions politiques, et non en attaques », estime à juste titre Montasser AlDe’emeh (journaliste au Morgen et à Humo).
Un choc est nécessaire
Francis Benoit est dur comme fer. Il n’est pas le seul. L’insatisfaction est grande. Nous payons trop d’impôts et recevons en retour des politiques irréfléchies et mauvaises. Les pouvoirs dans ce pays sont répartis de manière tellement illogique que les compromis bancals deviennent la règle », déclare Fouad Gandoul – chroniqueur pour De Tijd. Un choc est nécessaire, disent beaucoup de gens.
Que doit faire une famille moyenne avec une aumône de 165 euros, alors que les factures d’énergie explosent ?
Comme en témoigne le bourgmestre Benoit, de nombreux politiciens se sont détachés de la réalité. Ils vivent dans un cocon auto-construit d’illusions, de délires et d’hallucinations. Ils nient la réalité et condamnent toute personne qui critique leurs politiques mondaines. Cela relève du psychotique.
Que doit faire une famille moyenne avec une aumône de 165 euros, alors que les factures d’énergie explosent ? Le gouvernement flamand veut ajouter pas moins de 37 euros. 65 euros sur des factures qui augmentent de 2800 euros : « C’est n’importe quoi. Se moquent-ils de nous ? » se demande à juste titre Raoul Hedebouw.
Il est temps de procéder à une révolution copernicienne, à un renversement total de la politique, où le centre du pouvoir se déplace vers les régions. En 2024, la base électorale sera certainement posée [ndlr : pour ce changement radical], du moins si des personnes comme le bourgmestre Francis Benoit joignent enfin le geste à la parole.
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