Un État ou une région ne peut pas tomber en faillite. Il ne s’agit pas d’une entreprise dont se chargerait un curateur. Mais la Wallonie pourrait un jour se trouver en cessation de paiements ou en état de déconfiture financière, fruit amer d’une gestion calamiteuse depuis plus de 20 ans.
Marc Bourgeois, professeur de droit fiscal à l’ULiège, estime qu’il y a de quoi être très inquiet : « La dette wallonne est en hausse constante. Et ce n’est pas uniquement dû à la crise sanitaire et aux inondations. La situation antérieure était déjà problématique. »
Certes, les créanciers prêtent plus facilement à une collectivité. Mais selon Benoît Bayenet, professeur de finances publiques à l’ULB et président du Conseil central de l’économie, « une hausse des taux d’intérêt aurait pour conséquence de diminuer l’argent disponible pour financer les politiques wallonnes ». Il faudrait alors diminuer les dépenses, les Wallons étant déjà pressurés d’impôts en tous genres. Réduire les frais d’une fonction publique wallonne exponentielle – l’une des plus prolifiques d’Europe – serait insuffisant. Il faudrait dès lors s’attaquer au poste « affaires économiques » (47% des dépenses) et au poste « protection sociale » (26%), ce qui signifierait une baisse du pouvoir d’achat pour des couches entières de la population.
Selon Benoît Bayenet, les difficultés financières de la Wallonie auraient encore d’autres conséquences : elle devrait tendre la sébile à la Flandre (via le Fédéral) en échange de nouveaux et substantiels transferts de compétences conformément aux vœux du mouvement flamand.
Source : article de Laurent Lambrecht publié dans La Libre de ce week-end.