L’ancien palais de justice de Paris accueillera le mégaprocès des attentats du 13 novembre 2015. Durant sept mois, la cour d’assises spéciale jugera treize logisticiens de l’État islamique – dont neuf issus de la Région bruxelloise – et le Molenbeekois Salah Abdeslam, seul survivant des auteurs directs des tueries du Stade de France, des terrasses et restaurants de Paris et de la salle de concert du Bataclan. Ces attentats feront 130 morts et 413 blessés. « Aux États-Unis, il y eut un avant et un après 11 septembre 2001 ; en France, il y aura désormais un avant et un après 13 novembre 2015 », déclare Georges Fenech dans le journal Le Procès.
Le 16 novembre 2015, devant les députés et les sénateurs réunis, le président François Hollande n’avait pas mâché ses mots : « Les actes de guerre de vendredi ont été décidés, planifiés en Syrie, préparés ; ils ont été organisés en Belgique, perpétrés sur notre sol avec des complicités françaises. »
Connu pour être le ventre mou de l’Europe (et confirmé par l’OTAN et la CIA), l’État belge a longtemps fermé les yeux sur le développement d’une contre-culture islamiste, terreau fertile pour l’extrémisme religieux. Dans un entretien au Vif du 8 avril 2011, Alain Winants, alors administrateur général de la Sûreté de l’ (ouvre un nouvel oÉtat, faisait observer un risque systémique :
Je crois que le salafisme politique est quelque chose qui, sur le long terme, constitue un plus grand danger que le salafisme à tendance terroriste. Ses effets déstabilisateurs se font déjà sentir maintenant : des femmes se font cracher dessus parce qu’elles ne portent pas le voile en public ; une enseignante reçoit des coups de pied d’un enfant de 10 ans parce qu’elle donne une leçon sur la théorie de l’évolution et les parents prennent la défense de l’enfant ; des commerçants sont menacés parce qu’ils vendent de l’alcool… Dans certains milieux ou quartiers, on mène une vie totalement cloisonnée, avec des écoles, un système bancaire, des mariages, des magasins, des médias séparés… De plus, cet extrémisme peut en engendrer un autre.
Depuis longtemps, l’État belge a servi et sert toujours de base arrière aux activités d’inspiration politico-religieuse. Compte tenu de la faiblesse endémique de nos services de surveillance. Les « bonnes » informations utilisables lui viennent le plus souvent des États-Unis, de la France, du Maroc et d’Israël (le Mossad).
Au milieu des années 1990, le GIA lsamique armé), formé de combattants ayant vaincu l’Union soviétique en Afghanistan, ensanglanta l’Algérie et la France. Trafic d’armes et complicités terroristes alimentèrent plusieurs procès à Bruxelles. Le phénomène criminel était combattu par l’ancienne gendarmerie (dissoute après l’affaire Dutroux), mais ses aspects sociétaux furent négligés, malgré les alertes des services de renseignements. Ou l’absence de coopération entre elles.
La “réislamisation” menée à Bruxelles sous les auspices d’un Tariq Ramadan influença notamment l’étudiant de l’UCL Abdessatar Dahmane, avant que celui-ci ne tombe sous l’influence du cheikh molenbeekois Bassam Ayachi et n’assassine le célèbre commandant Massoud, un assassinat perpétré deux jours avant les attentats du 11 septembre.
Source principale : Le Courrier international d’après un dossier du Vif.