Serge Lipszyc était l’invité de Jeudi en Prime ce soir à la RTBF. C’est le responsable du Comité R, un service chargé notamment de coordonner les activités de la Sûreté de l’Etat et du SGRS (service de renseignement de l’armée belge). Il fut le conseiller de l’ancien Premier ministre Charles Michel.
Il est en charge de l’enquête sur les dysfonctionnements qui ont permis à Jürgen Conigs de passer sous les radars malgré un classement 3, « menace élevée », donné par l’Ocam, un organisme qui reçoit toutes les informations des services d’appui (de renseignement). Conings était le seul militaire dans ce cas. Ce signalement inquiétant n’aurait pas été transmis à la hiérarchie du SGRS.
Serge Lipszyc rappelle que depuis des années, le Comité R a informé nos responsables qu’il y avait des « non-fonctionnements » au sein de ce service. En résumé, il y a des problèmes de management, d’investissements et d’objectifs.
Plus grave : il n’y aurait toujours pas de mise en commun des banques de données entre la Sûreté de l’Etat et le SGRS, comme le concluait déjà la « commission attentats » en 2017 !
Selon lui, la Sûreté de l’Etat ne pourrait suivre aujourd’hui qu’un dossier sur cinq (sic). Et le SGRS souffrirait d’un manque de 20% de ses effectifs. Compte tenu de cette situation lacunaire, toujours selon Serge Lipszyc, le citoyen ne serait pas assez protégé !
En 2017, la « commission attentats » avait demandé de fusionner les deux services de renseignement mais le politique n’a pas suivi cette ferme recommandation.
Cerise sur le gâteau blet : les systèmes informatiques de digitalisation de ces deux services sont archaïques. Et il n’existe aucun système sécurisé pour dialoguer entre eux.
Il pointe parmi les causes de ces « dysfonctionnements » le désinvestissement de l’Etat belge, comme c’est le cas dans les domaines de la Justice et de la Santé.
Selon lui, la Flandre dans sa volonté d’autonomie maximale (le confédéralisme) est occupée à « déshabiller » la Défense. Et le journaliste François de Brigode de conclure : la Belgique est devenue « un gruyère à trous dans lequel peuvent entrer tous les pays étrangers ».
Un constat interpellant dans la mesure où Bruxelles abrite – ce n’est pas de le dire – l’un des principaux sièges de l’Union européenne et celui de l’OTAN et que la capitale est devenue une ruche à espions et le repaire de groupes plus interlopes les uns que les autres.
En la matière, l’Etat belge est donc le maillon faible de l’Europe.