Le Parlement français vient d’adopter à une large majorité la proposition de loi sur les langues régionales présentée par le député breton Paul Molac. Celle-ci définit trois domaines d’action de protection et de promotion : le patrimoine, l’enseignement et les services publics.
Le texte a été adopté par 247 voix pour, 76 votes contre, et 19 abstentions. Il concerne plusieurs langues : le corse, mais également l’alsacien, l’occitan, le breton, le basque, ou encore le catalan.
A noter que le flamand parlé autour de Dunkerque n’est pas retenu au grand dam des flamingants politiquement très actifs dans la région. En son temps, Jean Marie Le Pen avait reçu une proposition étrange de députés européens du Vlaams Belang. Au cas où il deviendrait Président de la République, les nationalistes flamands lui proposaient d’échanger la Wallonie contre un retour de Dunkerque à la Flandre !
C’est dire le grand cas qu’ils font de la Wallonie.
La loi, si elle est promulguée, permettra deux nouveautés majeures : l’instauration de l’enseignement immersif et la création d’un forfait scolaire pour les écoles privées dispensant une scolarisation en langues régionales.
Un député a défendu « la richesse » des langues régionales, « un trésor national classé en grand danger d’extinction par l’Unesco ». Le pourcentage des élèves les apprenant « est totalement insuffisant pour leur pérennité, on a besoin de mettre l’accélérateur », a-t-il poursuivi.
Contre toute attente, « à titre individuel » 60 députés de la majorité en ont appelé au conseil des « Sages ». Leur recours porte notamment sur le financement des écoles repris dans cette proposition de loi. Mais ils ont peu de chances d’obtenir gain de cause.
En parallèle qu’a fait concrètement la Région wallonne pour protéger ses langues « régionales » – les dialectes picard, wallon (allant de Charleroi à Liège en passant par Nivelles et Namur), le champenois et le lorrain – occupées à s’éteindre à petit feu : quasi rien. Quant à la Fédération Wallonie-Bruxelles, il n’y a que deux agents qui gèrent le Service des langues endogènes…
D’une façon générale, ce sont la langue et la culture françaises qui unissent les Wallons.
Le gouvernement flamand refuse lui aussi de promouvoir officiellement ses nombreux dialectes (flamand occidental, limbourgeois, etc.). Etrange paradoxe, dans la mesure où le peuple se replie toujours plus sur ceux-ci, voire sur ses patois par réflexe identitaire de clocher. Comme le prouve l’immense succès à la télévision de la série Bevergem en west-vlaams (dialecte de Bruges à Courtrai en passant par le littoral).
Sur le sujet précis des dialectes en Flandre, lire l’article très fouillé de Médor
S’il n’y avait pas le chantage permanent à l’emploi via le bilinguisme néerlandais-français imposé, les Wallons auraient le plus grand intérêt à apprendre l’anglais comme seconde langue. Surtout quand on sait que 90% de nos voisins des Pays-Bas parlent couramment l’anglais. Il paraît que l’on peut s’installer à Amsterdam sans même apprendre un mot de néerlandais ! Les habitants des Pays-Bas comprennent d’ailleurs avec difficulté une majorité de locuteurs flamands.
C’est l’une des forces des Wallons de s’intégrer parfaitement dans le paysage culturel français sans perdre pour autant leurs spécificités régionales.