Nous attirons l’attention sur une interview approfondie de Tom Van Grieken, leader du Vlaams Belang, publiée en 2020 par le magazine Wilfried.
L’intégralité de l’article
Note : nous pensons que, contrairement à ce que dit Van Grieken, la Flandre ne prendra pas son indépendance tant que l’Union européenne sera consistante. La situation catalane lui a servi de contre-exemple.
La Flandre se contentera d’une « Belgique coquille vide » avec une Wallonie placée sous protectorat qui sera devenue son terrain de vacances, sa plaine de jeux. Les territoires en friche verront s’installer des entreprises flamandes avec une majorité d’employés venus du Nord.
Aux Wallons d’ouvrir les yeux et de regarder dans la bonne direction !
En voici un extrait :
— Dans quelle mesure vous rattachez-vous au nationalisme flamand, canal historique ?
Ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a une différence fondamentale entre le Vlaams Blok et la N‑VA : nous, nous ne sommes pas des centennationalisten, des nationalistes pour l’argent. Pour nous, deux principes priment. Un : le peuple flamand, c’est une réalité évidente, et il a droit à son État. Quand bien même nous serions moins riches que la Wallonie, ça ne changerait en rien ma conviction : chaque peuple a droit à son propre État, sa propre nation. Bien sûr, c’est un avantage appréciable, amusant même, une sorte de bonus, de pouvoir traduire cette revendication en termes économiques. Il y a beaucoup d’argent qui va chaque année de la poche des Flamands vers la Wallonie. Quand on dit ça, c’est tout de suite plus facile de vendre l’idée de dépossession identitaire. Cependant, ce n’est qu’un élément secondaire dans le projet du Vlaams Belang, ce n’est pas l’élément central.
— Cet élément que vous dites secondaire, on le retrouve massivement dans la propagande du Vlaams Belang. On ne compte plus les vidéos qui dénigrent les Wallons comme vivant aux crochets des Flamands. La sécurité sociale belge est pourtant organisée sur une base interpersonnelle et non interrégionale. Ce système de solidarité met en relation des riches et des pauvres, des jeunes et des vieux, des malades et des bien-portants, peu importe qu’ils soient francophones ou néerlandophones.
Vous ne pourrez jamais nier que les mesures sociales contenues dans le programme du Vlaams Belang seraient bien plus faciles à réaliser, et à financer, si la Flandre était indépendante. La Flandre a toujours rempli ses obligations budgétaires, mais la Wallonie et Bruxelles, non. Pourtant, la dette de l’État belge est supportée par tout le monde — Flamands, Wallons et Bruxellois. C’est un peu comme si nous étions un couple, et que vous alliez faire des achats avec ma carte de crédit en dépensant plus que ce que vous gagnez. La première fois, je dis : allez, c’est bon. La deuxième fois, ça passe encore. Mais chaque année ! Les francophones font des dépenses systématiquement supérieures à leurs rentrées, et nous, nous sommes juste bons à éponger les factures. Aucune relation ne tient à ce régime-là. Mais ce discours économique, bien que j’y adhère, c’est surtout le discours de la N‑VA. Je ne veux pas trop entrer dans ce registre-là. Ce n’est pas mon drive.
— Plusieurs voix néerlandophones mettent en garde : si la Flandre riche rompt avec la Wallonie pauvre, seront-ce demain les quartiers déshérités d’Anvers, ou le Limbourg moins aisé, qui seront abandonnés ?
C’est bien pour cette raison que moi, je ne rentre pas trop dans les arguments économiques. L’argument fondamental en faveur de l’indépendance, c’est qu’il existe un peuple flamand, différent du peuple wallon. Les libéraux ne croient que dans les individus. Les socialistes ne croient que dans les travailleurs et les capitalistes. Les nationalistes comme moi croient dans l’existence des peuples. Ce sont des présupposés idéologiques, des questions de croyance.
Je crois qu’un État est pour un peuple ce qu’une maison est pour un couple. Mais si le couple est en désaccord sur l’immigration, sur l’économie, et qu’en plus les partenaires ne souhaitent pas vraiment vivre ensemble, alors l’union est intenable.