60 millions, 1% des fonds européens (ceux qui ont probablement été octroyés au Fédéral ou à la Région de Bruxelles-Capitale) liés à la crise sanitaire et destinés à la relance économique serviront à enlever les échafaudages du Palais de Justice ! Il s’agirait d’une idée géniale de l’inénarrable Georges-Louis Bouchez. Nous les avons vus depuis tellement longtemps (près de 40 ans) que l’on avait fini par croire qu’ils servaient à cacher la splendide laideur de mammouth imaginée par le délirant Joseph Poelaert. Pour mémoire, ce monstrueux édifice, admiré par Hitler, a écrasé le populaire quartier des Marolles qui était à ce moment le cœur battant de Bruxelles.
Dans son article du Vif du 4 février, Nicolas De Decker évoquait également la réparation des radiateurs du Parlement, toujours dans le cadre des fonds européens (sic).
Rappelons que ce chantier interminable a provoqué la faillite de plusieurs entreprises parce que l’État belge, mauvais payeur patenté, tardait à les payer.
Si nous étions irrévérencieux, nous demanderions bien au roi Philippe ou à son papa, le richissime Albert II, de faire un don afin de restaurer le babylonien Palais de Justice. N’est-il pas le fruit pourri légué par leur ancêtre mégalomane Léopold II ?
Parallèlement, le Parc de Bruxelles, surnommé « royal » lors de sa création et situé entre le Parlement et le Palais, est dévasté. Un nombre important de statues ont soit disparu, soit fait l’objet de vandalisme ou ont tout simplement été volées sans que cela inquiète le moins du monde les autorités de tutelle, notamment la Ville de Bruxelles.
Le baron d’Huart a même dû quitter précipitamment le Waux-Hall situé à l’arrière du Théâtre du Parc. Il avait patiemment rénové et réaménagé ce pur bijou en échange d’un bail emphytéotique. Pour quelle raison ? L’incessant ballet du commerce sexuel, parfois pédophile, qui a lieu dès le crépuscule dans le Parc. A moins de 200 mètres du Palais Royal, du Parlement mais aussi des ambassades de France et des Etats-Unis ! C’est pourtant un Parc éminemment historique pour la Belgique puisqu’il a vu en 1830 la victoire des révolutionnaires belges soutenus pas quelques brillants officiers français (Mellinet, Niellon l’un des héros de la Révolution, etc.) sur des Néerlandais comme de coutume incompétents sur le plan stratégique. N’en déplaise à la N-VA qui prend les Pays-Bas comme modèle politique, économique et militaire.
C’est un peu comme si la Place de la Bastille était laissée à l’abandon !
Notons que Léopold II a remplacé le 27 septembre, date de la débandage des Hollandais en 1830, par le 21 juillet (prestation de serment de Léopold Ier) et qu’aucune stèle ne rappelle les événements révolutionnaires dans le Quartier Royal… Il est vrai qu’ils ne se sont pas battus pour une Belgique complètement dominée par les Flamands en 2021.
Pour ce qui concerne plus précisément l’utilisation des fonds européens en Wallonie, il n’existe pas beaucoup de projets concrets et utiles sur le plan économique. Nous aurons sans doute droit à du saupoudrage et du sous-localisme. De précédents fonds européens n’avaient-ils pas servi, entre autres, à restaurer le centre historique d’Ath où régnait Guy Spitaels, l’ancien président du PS, et les remparts de Binche ?
Aujourd’hui, le JT de la RTBF, insipide et anecdotique sur le fond comparé à celui de France 2, évoquait les vestiges de l’ancien Palais du Coudenberg situés sous la Place Royale.
C’est l’occasion de rappeler le casse du siècle digne d’un royaume bananier qui a eu lieu à Bruxelles en septembre 2003 et qui est resté sans suite judiciaire à ce jour.
Voici l’extrait archivé du journal Le Soir de l’époque :
« Je suis effondré. Les voleurs ont emporté un butin d’une valeur inestimable.
Michel Van Roye [Ecolo], président de l’ASBL Palais de Charles-Quint, a appris la mauvaise nouvelle ce matin : les 500 dalles héritées – presque intactes – de l’Aula Magna ont disparu. Elles constituaient le pavement de la salle du Trône du palais, explique le président de l’association gérant les souterrains de la place Royale. Il s’agissait de pierres bleues et blanches, disposées en damier. Dûment inventoriées, elles ont été longuement entreposées place Royale, dans l’ancienne Cour des Comptes.
Puis, nous avons dû les évacuer, précise Michel Van Roye. La Région, via l’administration des équipements et déplacements (AED), a alors proposé de les placer dans un dépôt situé sous le viaduc des Trois Fontaines, à Auderghem.
C’est là, sous l’autoroute urbaine, qu’on a constaté le vol, ce matin. Une patrouille s’est rendue sur place, explique-t-on au commissariat de police d’Auderghem. L’entrepôt est clôturé et il n’y a pas eu d’effraction. Le cadenas est intact. Et la clé se trouve dans un casier fermé. Quiconque l’emprunte doit donner son nom. Les voleurs ont dû s’y prendre avec un camion muni d’un bras mécanique pour soulever les palettes par-dessus la barrière.
D’après la police, ces dalles étaient entreposées sous le viaduc depuis le mois de janvier.
La dernière fois qu’on les a vues, c’était en juin, précise-t-on. Elles ont pu être volées entre cette période et cette nuit. » (sic)
Tintin, Blake et Mortimer, au secours !
Source : Le Soir du 11 septembre 2003