Sur son site (article en néerlandais), le député N-VA Michael Freilich a enquêté sur la société Avrox qui a passé contrat avec l’Etat belge pour la fourniture de millions de masques (cf. article précédent). Cette semaine, il compte bien demander des comptes aux divers responsables de ce dossier qui sent l’œuf pourri.
A lire : coronavirus, corruption et blanchiment d’argent (point 3)
Voici cet aspect de l’entreprise qu’il a passé à la loupe :
Le lundi 12 mai, j’ai pu consulter le dossier de la commande de masques buccaux (45 millions d’euros) au Parlement. Mais au lieu d’un dossier volumineux, je n’ai eu qu’un mince dossier avec quelques documents de synthèse.
Les différentes offres soumises, les résultats des tests correspondants, les certificats de qualité, les références demandées aux fournisseurs, les informations sur la manière dont les entreprises se sont retrouvées sur la liste : aucune trace de tout cela.
Comme un député doit pouvoir exercer sa fonction de contrôle, je suis allé enquêter moi-même. J’ai découvert qui était la personne de contact de la société de boîtes postales luxembourgeoise Avrox, qui a reçu une commande d’une valeur d’environ 40 millions d’euros.
Appelons-le M. X. (ndr : ses deux autres comparses sont un Jordanien douteux – voir article précédent – et un restaurateur de Cannes tombé en faillite !).
Il est frappant de constater que l’homme en question est, outre sa société au Luxembourg, un agent de la FIFA titulaire d’une licence de football au Luxembourg. Il semble également être actif dans le commerce des matières premières en provenance d’Afrique.
Depuis quelques mois, il travaille comme représentant local d’une organisation suisse spécialisée dans la lutte contre la fraude et le blanchiment d’argent au niveau mondial. La société suisse m’a confirmé aujourd’hui que M. X semble en effet être actif à titre privé dans le commerce de matériel médical pour COVID-19.
Je n’ai pas encore réussi à joindre M. X lui-même. Peut-être préférerait-il ne pas répondre à mes questions. Autre fait remarquable : peu après mon contact avec cette société, sa photo a été retirée de son profil LinkedIn. Son nom de famille a également été supprimé. Pour mon dossier, j’ai déjà fait des captures d’écran (avant/après) de cette page.
Cependant, la société suisse avec laquelle X collabore indique dans son courrier électronique l’importance d’une enquête préliminaire approfondie pour de telles commandes :
« De nombreuses institutions publiques ont récemment été trompées en raison d’un grave manque de diligence des intermédiaires, des fournisseurs et des transporteurs. Nous regrettons ce fait et nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour aider à lutter contre cette fraude ».
Il faut être particulièrement vigilant en ce qui concerne des sociétés de boîtes postales.
C’est d’autant plus vrai ici quand on sait qu’Avrox S.A. n’a déposé aucun compte annuel depuis trois ans…
Note : la presse belge qui n’a pas relayé le dossier du Laatste Nieuws – le plus grand quotidien en Belgique – (hormis un point au JT de RTL) attend peut-être jusqu’à minuit la livraison de masques avant d’en parler…