La presse belge l’avait évidemment passé sous silence. Le récent rapport du Groupe d’États contre la corruption (Greco) du 23 janvier souligne le manque de barrières face à la délinquance en col blanc. Au niveau politique comme au niveau policier. C’est Le Soir qui nous révèle la substance du dossier près d’un mois après sa parution.
Le Greco, une instance indépendante du Conseil de l’Europe, pointe la fragilité systémique de la Belgique face à la corruption et aux conflits d’intérêt (politique, justice, police). Après avoir interrogé de nombreux acteurs de ces secteurs, les enquêteurs en sont arrivés à la conclusion qu’il existe un manque de transparence, une absence de dispositifs préventifs, d’encadrement concernant les cadeaux aux hauts fonctionnaires ou aux contacts de lobbyistes.
D’autre part, les « hauts responsables politiques au sein de l’exécutif ne sont soumis à quasi aucune règle en matière d’intégrité. »
Noté également un manque d’encadrement dans l’emploi des membres de cabinets et des cellules stratégiques laissé « à l’entière discrétion » des ministres ou du parti politique ; sans aucune procédure de vérification de leur intégrité, de leurs salaires, d’éventuels conflits d’intérêts.
Même chose pour les ministres et les secrétaires d’État : l’absence de code de déontologie est patente.
Pour la police, c’est le manque de moyens qui revient à la une. Il affecte surtout les services chargés de la prévention et de la lutte contre le corruption.
Il faut dire que l’Office central de la lutte contre la corruption (OCRC) a vu son personnel réduit à peau de chagrin. Il n’agit plus que sur la base de plaintes ou d’articles de presse. Le travail proactif est abandonné…
Enfin, le contrôle d’intégrité d’un policier tout au long de sa carrière est quasi mis sous le boisseau.
Michel Claise, juge d’instruction et spécialiste de la criminalité et de la délinquance financière, ne mâche pas ses mots face au rapport du Greco : chez nous, la corruption belge reste en grande partie cachée. Il le crie même haut et fort : « C’est un scandale. Je suis honteux d’être belge. » L’État belge a reçu pas moins de 21 recommandations par rapport à l’étude et dans cette optique il constate que les Français sont beaucoup plus réactifs.