La doctrine Maddens consiste en une stratégie politique flamande visant à faire prévaloir le point de vue flamand dans le dialogue communautaire avec les francophones. Il s’agit d’une stratégie du pourrissement par la tête. C’est Bart Maddens, politologue médiatisé de la KU Leuven, qui l’a développée au début du siècle : elle vise à rendre la partie adverse (les francophones de Belgique) demandeuse.
En voici l’essentiel :
- utiliser tous les arcanes juridiques possibles pour créer un système politique flamand parallèle et autonome en Flandre (c’est le cas en 2019 avec, par exemple, la création d’un ministère de la Justice flamand, des soins de santé grignotés, un parcours d’intégration durci, etc.) ;
- assécher les ressources de l’État fédéral et donc tarir les ressources financières wallonnes et bruxelloises ;
- échanger de nouvelles compétences pour la Flandre contre un refinancement des niveaux fédéral, régional wallon et bruxellois (c’est le cas aujourd’hui avec les trous budgétaires de Bruxelles, de la Fédération Wallonie-Bruxelles mal refinancée sous le gouvernement Di Rupo et le dérapage budgétaire plus ou moins assumé de la Wallonie).
Cette doctrine s’appuie sur le fait que la Région de Bruxelles-Capitale, la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Wallonie sont mal gérées, principalement par le PS, et que tôt où tard les francophones auront besoin d’euros pour continuer à fonctionner.
Les nationalistes flamands ont donc décidé, conformément à cette doctrine qui a la cote en Flandre, d’abandonner la notion d’urgence de former un gouvernement fédéral et d’attendre le moment où les francophones découvriront eux-mêmes qu’ils sont demandeurs de moyens financiers.
En ce qui concerne les compétences qui appartiennent toujours à l’État fédéral, la Flandre devrait, selon la doctrine Maddens, appliquer une deuxième tactique en cas de formation d’un gouvernement : déclencher des procédures de conflit d’intérêts. Elle pourrait ainsi obliger le fédéral à négocier sur de nombreuses matières régionalisables aux yeux des Flamands. Cela augmentera la pression à réformer l’Etat et créera de facto un système confédéral.
« Aujourd’hui, sa doctrine est renforcée par une deuxième partie : nous devons faire prendre conscience aux habitants de la Flandre qu’ils sont flamands. Le canon est donc aussi destiné à forcer la formation de la nation flamande. » (Luc Huyse, sociologue de la KUL au Vif du 8 novembre 2019)
Pour rappel, le confédéralisme à la sauce flamande signifie : discuter entre régions sur la base du plus petit dénominateur commun. Un confédéralisme interne, en quelque sorte.