La suppression du 8 mai, appelé « Fête de la Victoire » en France, par un gouvernement Martens, pour des raisons purement économiques, est particulièrement révoltante.
Certes, seuls les établissements scolaires et les administrations publiques y avaient droit. Mais en ce temps, c’était un jour de mémoire encadré de nombreux discours, jusque dans les écoles (en général, la veille du 8 mai).
Le 8 mai nous paraît d’autant plus important à célébrer qu’il s’agit de la victoire des démocraties sur le nazisme. Surtout en cette période où les résurgences d’extrême droite, plus ou moins revendiquées, se multiplient en Europe.
Supprimé à plusieurs reprises en France afin de ne pas assombrir les relations avec le puissant voisin allemand, le 8 mai a été réinstauré comme jour férié par François Mitterrand en 1981.
Selon la presse belge de l’année passée, le 8 mai n’aurait pas de lien direct avec les événements qui se sont déroulés en Belgique (sic). Puisque le pays a été libéré plus tôt, à la fin de la bataille des Ardennes (hiver 1944-45).
Belle reconnaissance envers ces alliés, dont la Brigade Piron et de nombreux Belges dans la Légion étrangère et la Royal Air Force (dont le père de Paul-Henry Gendebien), qui ont continué à se battre jusqu’au cœur de l’Allemagne nazie !
Le 8 mai doit redevenir un jour férié et de mémoire.
Note : à l’heure où il est bon de la part des historiens de mouiller un peu plus les Wallons dans la collaboration, rappelons que le déséquilibre nord-sud est nettement plus flagrant si l’on ne prend en considération que la seule collaboration politique. Dans ce cas, qui exclut les collaborations militaire et économique, 72 % des condamnés sont néerlandophones (les Flamands représentaient 56% de la population).
Et pour cause : une part considérable de l’élite politique et intellectuelle flamande est mêlée à la collaboration ; côté francophone, le phénomène est marginal. Pendant l’Occupation, le poids du Vlaams Nationaal Verbond (VNV), le mouvement nationaliste de Staf De Clercq, qui a absorbé le Verdinaso et le Rex flamand, est énorme. Fort de ses 50 000 membres, c’est un parti de masse, enraciné dans la société. Un bourgmestre de guerre sur deux, dans les communes flamandes, est un VNV. Côté francophone, Rex, le parti de Léon Degrelle, électoralement plus puissant que le VNV en 1936 (21 sièges à la Chambre contre 16), a perdu, dès 1939, la plupart de ses élus.
Source : Le Vif, 25 octobre 2014