Ministre des Sports dans le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Rachid Madrane a prononcé involontairement un plaidoyer pour une association de la Wallonie avec la France, pour le moins en matière de politique sportive. Chacun aura remarqué que la composition de la délégation belge aux Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang ne proposera qu’un seul athlète francophone : le Français naturalisé belge Florent Claude.
Selon le ministre socialiste, il existe deux raisons à cette pathétique absence wallonne dans la délégation belge : « D’abord, du côté flamand, il y a plus d’infrastructures, des pistes de ski et des patinoires. Ensuite, nos amis flamands [ndr : des amis sans faille, en effet] sont très influencés par ce qui se passe aux Pays-Bas, comme le patinage de vitesse. En outre, il n’y a que deux fédérations reconnues en FW–B qui peuvent envoyer des athlètes aux JO des sports d’hiver, le ski et le patinage artistique ».
Et Rachid Madrine de révéler en fin d’interview au journal Le Soir : « En arrivant, j’ai découvert un fonds des sports qui était vide. C’est la première fois que l’ADEPS était quasi en cessation de paiement. On a puisé dans ce fonds pendant 10 ans pour financer plic-ploc [resic] un tas d’activités. Sur le terrain, il existe un dramatique problème de manque d’infrastructures. Le gouffre est gigantesque entre la Flandre et la Wallonie, avec 13 patinoires et 2 pistes de ski couvertes pour la première et 3 patinoires (plus 1 à Bruxelles mais réservée au grand public et aux écoles et donc sans club) et 1 piste de ski couverte pour la seconde. Un grand écart qui pourrait encore s’amplifier si un projet de piste de patinage de vitesse de 400 m devait voir le jour à Bruges. »
« C’est un vrai problème », souligne Christian Pieman, le président de la Fédération francophone de patinage artistique. « Nous avons perdu ces dernières années la patinoire de Forest-National, où les propriétaires ont déposé le bilan, et celle de Jambes, gérée par l’Adeps (ndr : la Fédération Wallonie-Bruxelles est perpétuellement désargentée) et fermée depuis 2012 pour des questions de sécurité et parce qu’elle était trop énergivore.
Sa transformation/reconstruction que nous espérons pour 2020 ou 2021 pourrait redynamiser notre fédération car cela permettrait d’y organiser un sport-études. Actuellement, les jeunes qui ont envie de s’investir doivent partir à l’étranger et ça coûte un pont aux parents. »
Ne pas pouvoir compter sur une patinoire gérée par la communauté, comme il y en a en Flandre à Hasselt, Liedekerke et Herentals, est un vrai problème pour la promotion du sport.
En conclusion, il existe une réelle synergie entre la Flandre et les Pays-Bas dans le domaine des sports d’hiver et de la gestion des infrastructures. Et une politique dynamique d’investissements de la Région flamande. Logique, puisque cela fait partie de son « Kulturkampf » et de la reconnaissance de son identité dans le monde à travers les sports médiatisés.
Rien de tout cela du côté d’une Wallonie sans ambition. Les responsables wallons continuent la politique de l’autruche, l’œil rivé au fond d’un cul-de-sac (« dead end » en anglais).
Il est urgent de créer un partenariat fort avec la France dans le domaine de la coopération sportive et de l’utilisation de ses infrastructures de très haut niveau. Dans la foulée, les fédérations wallonnes de sport amateur devraient s’associer étroitement avec leurs puissants équivalents de l’Hexagone, quitte a se transformer en fédérations régionales de la Wallonie, comme c’est le cas de la Bretagne ou de la Bourgogne. Ou de créer une régionale si elle n’existe pas encore en Wallonie.
Cela sera toujours plus efficace que de rester une sous-région, incarnée par la FW-B sur la paille, dans le cadre belgo-flamand.
Si la Flandre crée des synergies fructueuses avec les Pays-Bas, il est urgent que la Wallonie fasse de même avec la France !
Source : Le Soir – 10 février 2018