Le sympathique chanteur Claude Semal est désenchanté. Et il le fait savoir dans le dernier numéro du Vif :
« Vouloir réconcilier Flamands et Wallons à l’intérieur d’un pays imaginaire, c’est un peu comme vouloir réconcilier papa et maman à l’intérieur de la famille (sic)…
Je me voulais chanteur d’expression, à l’image de ce qui se passait alors (dans les années 1970) en Bretagne ou au Québec : incarner une sorte d’identité collective. Et puis, au fil du temps, j’ai redécouvert cette parole prémonitoire, celle de Jules Destrée à Albert 1er : « Sire, il n’y a pas de Belges, il y a des Flamands et des Wallons. » Ce que je pensais être un pays – j’ai trois grands-parents flamands tout en restant un bilingue très approximatif – s’est délité sous mes yeux. Il y a quarante ans, on pouvait se dire chanteur belge mais à un moment donné, cette épithète nous a été politiquement interdite.
La Communauté française avait menacé l’organisateur d’un festival de chanson belge en Suisse de lui retirer les subsides pour les voyages, y compris le mien. Il avait écrit sur son affiche Le fond de l’air est belge plutôt que Le fond de l’air est Communauté française de Belgique (sourire). On a été constamment confronté à cette absurdité-là. Comme disait Kroll : si quelqu’un prétend vous avoir expliqué le fonctionnement institutionnel de la Belgique et que vous l’avez compris, c’est qu’il vous a mal expliqué. Donc, de chanteur belge, je suis devenu chanteur de je ne sais plus très bien quoi, d’un pays qui s’est évaporé. »
Justement, l’ami Pierre Kroll, dégoûté par le monde de l’édition belge, et sans doute de son système de diffusion aléatoire, vient de signer un contrat avec les éditions Les Arènes à Paris.
N’est-ce pas lui qui avait lancé un jour : « J’ai toujours pensé que le rattachement, de la Wallonie et de Bruxelles à la France était une hypothèse d’avenir dans laquelle je me retrouve. » (Groupe Sudpresse – 12 novembre 2007)
Parallèlement, Patrick Roegiers, qui fut un temps le chantre d’une certaine belgitude, a pris la nationalité française en septembre dernier. Pour lui, la Belgique est devenue un ectoplasme.
Quand on vous disait que la France a toujours été une terre d’accueil…