Richard Miller, l’un des rares hommes politiques du MR épris de culture, ne craint pas le ridicule : il exige la restitution d’un Rubens, « Le Triomphe de Judas Macchabée, « volé » par les révolutionnaires français à Tournai en 1794. Ce faisant, il emboîte le pas à la sinistre Elke Sleurs, l’ex-secrétaire d’État N-VA en charge des quelques musées restés fédéraux, qui ne cessait de réclamer à la France des œuvres d’art, pour la plupart flamandes évidemment, qui selon elle s’y trouvent indûment.
Les ministres français de la Culture qui se sont succédé n’ont jamais donnée suite à cette demande incongrue, excipant du principe d’inaliénabilité du patrimoine culturel français, fût-il « volé ». Et pour cause : restituer le Rubens constituerait un précédent dont l’État belge pourrait être une victime majeure. Richard Miller semble oublier que la Belgique a allègrement pillé le patrimoine de son ex-colonie congolaise : ces « vols qualifiés » se trouvent au Musée de Tervuren, en Flandre. D’autre part, imagine-t-on l’État belge demander aux Autrichiens le retour du trésor de la Toison d’Or que leurs aïeux ont transféré de Bruxelles à Vienne en 1794, juste avant l’arrivée des troupes françaises ? L’Ordre fameux a pourtant été créé en 1430 à Bruges, en Flandre, par le « Français » Philippe le Bon, duc de Bourgogne !
Que la Flandre récrimine contre son adversaire historique, la France, soit. Qu’un Wallon relaie les revendications nationalistes de la N-VA est un comble.
Mais que Richard Miller se rassure : son cher Rubens est davantage protégé à Nantes qu’il ne le serait aux Musées Royaux des Beaux-Arts de Bruxelles où des seaux ont recueilli les gouttes d’eau tombant de plafonds et de toitures vitrées en piteux état, précisément dans la salle dédiée aux Rubens… Ou au Musée des Beaux-Arts de Tournai qui ne recevra de la Région wallonne que 8 des 20 millions nécessaires à de lourdes rénovations, un musée qui ne répond plus, depuis des années, aux normes les plus élémentaires de sécurité et d’éclairage.