Pour son treizième « tabou », le Soir feint de faire son autocritique. Le quotidien bruxellois a déniché Geoffrey Geuens, un Chargé de cours en communication à l’Université de Liège, qui a pu donner son avis sur l’indépendance de la presse belge francophone vis-à-vis du gouvernement et du pouvoir en général. Voici sa réponse :
« […] Plusieurs auteurs montrent qu’en réalité, les professionnels de la presse, les grands noms, les éditorialistes, ceux qui insufflent les lignes sont des gens, sans pour autant remettre en cause leur éthique personnelle, qui sont disposés à tenir sur le monde un discours qui globalement va dans le sens de la reproduction du système. Ils ont donné des gages de leur adhésion, même inconsciente, à l’ordre social ou économique. »
« On pourrait dire que ce point de vue se discute. Mais ces derniers temps, le discours médiatique sur l’austérité ou sur les grèves vont dans ce sens. La presse se présente comme un contre-pouvoir, mais elle joue plutôt le rôle d’attaché de communication du gouvernement en cette période de crise. Ce n’est pas un complot, c’est une proximité idéologique. »
Mais dans un journal, il y a une multiplicité d’expression, non ?, demande Le Soir.
« Il y a des voix dissonantes, les syndicats ont voix au chapitre bien sûr. Mais en ce qui concerne les lignes éditoriales, on est dans une presse qui a pris position, qui n’est pas au-dessus de la mêlée. C’est un vrai problème. Le pluralisme est très limité. Il n’y a plus de média grand public qui, sur les questions socio-économique, fasse contre-point à un discours qui justifie l’austérité, la nécessité des réformes, approuve le plan des pensions, dénonce les grèves… C’est un matraquage idéologique que l’on ne peut pas nier. Cela montre l’adhésion intellectuelle des élites des médias à l’idéologie dominante, sans que ce ne soit organisé. On délégitimise les résistances sociales. »
Nous partageons évidemment cette critique fondée même si Geoffrey Geuens n’est pas trop à plaindre dans la mesure où ses amis du PTB+ sont poussés par Le Soir comme seul parti émergent apparemment digne d’être mentionné.
Pour mémoire, depuis deux ans, Le Soir et La Libre ont refusé une dizaine de cartes blanches de Paul-Henry Gendebien et ils mentionnent plus que rarement nos communiqués de presse. Les communiqués du seul parti qui défend la laïcité à la française et les valeurs républicaines. Alors que, comble du paradoxe, Le Soir accorde ce samedi une pleine page à Suhail Chichah, le perturbateur du débat de l’ULB. Mais qui a peut-être l’avantage, aux yeux du Soir, d’être un ami de Roberto D’Orazio et d’avoir été formé au PTB+
Quant à Jean-Pierre Jacqmin (immortalisé par la photo de cet article), il s’est une fois de plus ridiculisé. Le responsable de l’information de la RTBF a affirmé sans rire que son média est moins politisé que jamais…
Il y a plusieurs années, le R.W.F. recevait un courriel de Matin Première disant que Jean-Pierre Jacqmin ne souhaitait plus recevoir nos communiqués, ceux du premier parti après la bande des quatre (PS-MR-CDH-ECOLO) !
D’autre part, nous n’insisterons jamais assez sur le fait que la chaîne publique française donne la parole à temps égal et équitable à tous les candidats déclarés ou supposés à la présidentielle (communiqué du CSA français).
Nous donnons le mot de la fin à Francis Wégimont (en rien lié au R.W.F.), tribun de la CGSP wallonne, qui fustige une presse soumise au pouvoir en place (communiqué du 10 février 2012) :
« Cette mise au point nous semble nécessaire, tant certains commentaires de presse nous sont apparus tendancieux, voire méprisants.
D’une manière générale, depuis le début des discussions sur l’accord de gouvernement et plus encore depuis la mise en place de celui-ci, nous sommes obligés de constater le manque d’objectivité des médias et leur autocensure pour ne publier que ce qu’ils estiment être politiquement correct.
Les statistiques publiées par les médias, relativement au nombre de Belges favorables à une action de grève ce 30 janvier 2012, sont éclairantes à ce sujet : une large majorité de citoyens serait défavorable à celle-ci, alors que l’action de ce jour s’avère être un succès total, sans qu’il n’ait fallu, aux organisations syndicales, ameuter le banc et l’arrière-ban des affiliés.
Beaucoup de journalistes traitent l’information comme si la vie du pays et du gouvernement dépendait de chaque idée abordée dans leurs articles, leurs éditos. La revue de presse témoigne quotidiennement du bon ton politique suivi : tout ce que font et disent l’autorité et le patronat sont les seules « voie et voix » crédibles.
La marginalisation systématique des idées non conventionnelles est devenue monnaie courante ! C’est mortel pour la démocratie !
Le traitement de l’information présente aujourd’hui une dérive inquiétante que nous nous devons de ne pas accepter et de dénoncer, si nous voulons conserver une presse objective et démocratique. »
On le voit, la Belgique francophone n’a rien à envier à la Hongrie et Nicolas Sarkozy est bien évidemment un enfant de choeur face à un Di Rupo qui possède le contrôle politique quasi total des médias francophones grâce à son réseau d’influences.
Bref, pour avoir une presse critique par rapport au gouvernement de qui vous savez, il faut s’abonner à la presse flamande !