Seul Le Vif était assez audacieux pour déconstruire le mythe d’Albert 1er le Roi chevalier, 80 ans après la mort de ce dernier (17 février 1934).
L’historienne Marie-Rose Thielemans a exhumé des documents exceptionnels et des photos inédites concernant le troisième roi des Belges, le chef des armées durant la Grande Guerre.
Ses découvertes font l’objet d’un dossier d’une grande qualité publié dans Le Vif de cette semaine.
En résumé, la méfiance d’Albert 1er « envers la France athée n’a d’égale que son admiration pour l’ordre et la discipline de l’Allemagne. »
Autre article intéressant dans l’hebdomadaire : « La Bible pour manuel de guerre. Prophéties de l’Ancien Testament, croyance dans un « peuple-chef » anglo-saxon (note : il n’avait pas tort vu la globalisation actuelle), créationnisme et millénarisme sous l’influence du gourou du roi, Charles Lagrange, etc. »
Ajoutons-y d’incessants pourparlers secrets avec l’occupant allemand pour négocier une paix séparée ; l’absence de réprobation des massacres qui ont eu lieu en Belgique lors de l’offensive du mois d’août 1914 afin de ménager les Allemands ; le refus obstiné d’Albert 1er de participer à une quelconque opération militaire alliée (pourtant les armées du Commonwealth y ont pris part), etc.
Enfin, cerise sur le gâteau et ce n’est pas dans le dossier du Vif, le Roi chevalier a négocié secrètement l’annexion du Grand-Duché du Luxembourg et réclamé celle d’une partie des Pays-Bas après la guerre (1919) au nom d’une Grande Belgique ! Il n’obtiendra que les actuels Cantons de l’Est…
Rappelons qu’un gouvernement (Delacroix) autonome par rapport au Palais n’a vu le jour qu’après l’Armistice. Auparavant, le Premier ministre n’était que le Chef de Cabinet (du Roi). Bel exemple de démocratie après 90 ans d’existence de l’État belge !
A lire : Albert 1er, Carnets et correspondance de guerre 1914-1918, par Marie-Rose Thielemans, Duculot, Gembloux, 1991.
Emile Galet, conseiller militaire du Roi : Journal de campagne 1914-1918, Commission Royale d’Histoire, 2012.